Florence Robine, un parcours exceptionnel dédié à l’éveil des consciences

De l’enseignement à la diplomatie, le parcours de Florence Robine (promotion 1980, sciences physiques) est exceptionnel, nourri par de profondes convictions sur l’éducation et l’ouverture aux autres.

« Toute ma carrière a été guidée par la curiosité et le désir inextinguible d'explorer des mondes inconnus » affirme Florence Robine. Une curiosité qui l’a conduite à l’ENS Paris Saclay après ses classes préparatoires, où elle assouvit sa passion pour les sciences, en particulier la physique, née de la révélation que « l’on pouvait comprendre le monde autour de soi et qu’il y avait encore tant de découvertes à faire ». Florence Robine s’intéresse également à la philosophie et à l’histoire des sciences, trouvant à l'ENS Paris Saclay un environnement pluridisciplinaire stimulant. « L'École m'a ouvert des perspectives absolument incroyables », se souvient-elle avec enthousiasme. Elle évoque notamment Alain Aspect, Prix Nobel de physique 2022, alors qu'il était son préparateur à l'agrégation : « Je me souviens encore le voir arriver un matin, nous disant : ça y est, j'ai démontré qu'Einstein s'était trompé ! ». Elle expérimente l’enseignement dans une classe de lycée dès sa première année, une expérience « terrain » qui confirme sa vocation d’enseignante.

Un parcours prestigieux dans l’Éducation nationale

A 23 ans, Florence Robine est reçue à l'agrégation de sciences physiques et obtient son premier poste de professeure de physique-chimie en classes préparatoires. Elle complète son parcours académique en obtenant un doctorat en épistémologie et histoire des sciences exactes et des institutions scientifiques en 1994. « J'ai en effet toujours été extrêmement frustrée par l’absence d’épistémologie dans mes enseignements. Or selon moi, il est crucial de comprendre d’où viennent les concepts scientifiques, d’autant plus si on est amené à les enseigner un jour. Rien n'est naturel, tout a été construit». Elle avait d’ailleurs convaincu son ancien directeur de département pour venir donner des cours d’épistémologie aux agrégatifs de l’École.

Après avoir enseigné pendant vingt ans, Florence Robine gravit les échelons de l'Éducation nationale pour devenir inspectrice générale, puis rectrice de plusieurs académies, en Guyane, à Rouen, à Créteil puis à Nancy-Metz et dans le Grand-Est. En 2004, elle devient la première femme nommée inspectrice générale de l'Éducation nationale pour la physique. Dix ans plus tard, elle est nommée directrice générale de l'Enseignement scolaire, où elle s'attache notamment à lutter contre les stéréotypes de genre dans l'enseignement scientifique. Son engagement en faveur de l’éducation l'amène aussi à participer à un ouvrage sur les attentes éducatives des familles, publié en 2013. 

Une diplomate engagée

En 2019, changement d’environnement professionnel, cap sur la diplomatie. Florence Robine entame une carrière en tant qu'ambassadrice de France, d'abord en Bulgarie puis en Norvège. Elle continue à défendre l'importance de la pensée critique, notamment à travers des interventions auprès de jeunes publics, en ligne où elle donne des conférences, ou en présentiel dans les lycées internationaux.  « A chaque fois qu’on me sollicite, je réponds oui. J’estime qu’inspirer la jeunesse fait toujours partie de ma mission ». Son objectif ? Faire réfléchir, « revenir à la raison, collectivement ». « Menées par un certain nombre de puissances étrangères, les campagnes de désinformation sont en réalité des armes contre les démocraties. Elles s'appuient sur un terreau de scepticisme, d'incompréhension, de conspirationnisme. Or la lutte contre les guerres hybrides et les manipulations est inscrite dans les objectifs des pays membres de l'Union européenne », fait-elle remarquer

De ce point de vue, l’Ambassadrice n’hésite pas à souligner le rôle des grandes écoles françaises comme l'ENS Paris-Saclay. « En cohérence avec leurs origines révolutionnaires, elles devraient incorporer dans leurs objectifs la manière de faire vivre la raison, dont l’usage est actuellement mis en danger, et la capacité à penser dans notre société, affirme-t-elle. L’idéal de la Révolution française leur confère aussi une tradition à la fois d'excellence et de promotion des individus, essentielle à la méritocratie républicaine ».

Parmi les nombreuses distinctions honorifiques* qu’elle a reçues comme autant d’«incitations à poursuivre », Florence Robine est particulièrement fière de celle de Chevalier des arts et des lettres, qui a récompensé son travail de promotion de l’histoire des arts dans l’éducation. Avec une carrière aussi intense qu’inspirante, sa curiosité et son envie de partager sont demeurées intactes. « J’ai besoin de convaincre, de créer des motivations, de susciter l’envie de découvrir d’autres mondes », conclut-elle.

*Distinctions

• Chevalier de l'ordre national de la Légion d'honneur
• Officier de l'Ordre national du mérite
• Chevalier des Arts et des Lettres
• Commandeur des Palmes académiques