Un normalien au service de l'indépendance du pluralisme des médias

Vianney Baudeu (promo 2008, Droit, Économie, Gestion) est, depuis juillet 2025, le directeur général du Spiil, le Syndicat de la presse d’information indépendante en ligne. Le Syndicat œuvre en faveur de l’indépendance et du pluralisme des médias en France en défendant ses membres : des éditeurs de médias indépendants. 

Vianney Baudeu est reçu au concours de l’ENS Paris-Saclay en 2008, au département droit, économie, et gestion, qui dépend de l’antenne nouvellement créée à Rennes. Son cursus de normalien est couplé à une Licence de Droit et à un Master 1 à l'Université de Rennes, incluant un échange Erasmus à l'Université de Copenhague. Il complète ensuite sa formation par un Master 2 à l'Université Paris 1, puis par le Master « Affaires publiques » à Sciences Po. « J’ai pris le temps de faire mes études, commente-t-il, sept années en tout ! C’est d’ailleurs un conseil qu’il donne volontiers aux jeunes normaliennes/normaliens qui s'interrogent sur leur avenir : « Réfléchissez à votre trajectoire. En dehors de la voie de l'enseignement et de la recherche, tout est possible à la sortie de l'ENS ». 

Après les sacrifices consentis lors de la préparation du concours, Vianney apprécie les conditions d'études. « Nous étions très bien encadrés dans des locaux flambants neufs, se souvient-il, et l’École prenait en charge tout le volet administratif des études. Le statut d'élève normalien nous permet d’être rémunéré, donc autonome, ce qui était non négligeable », fait-il remarquer. Peu attiré par l’enseignement, il choisit de ne pas présenter l'agrégation, estimant qu'il fallait la « laisser à ceux qui souhaitaient en faire quelque chose ». L’École, selon lui, privilégiant « le fond sur la forme » encourage ses élèves à « chercher au fond des choses ». Cela lui a conféré une rigueur méthodologique et des capacités « à rédiger, argumenter et disserter », compétences qui lui ont servi notamment au début de sa carrière.

Médias et affaires publiques

Durant ses études, Vianney a effectué des stages au service communication du Sénat, à la direction du budget, ainsi que dans le secteur du cinéma, qu’il affectionne particulièrement. « J’ai toujours eu le goût des affaires publiques et celui des médias en général : j’ai fait de l’articulation des deux le fil conducteur de mon parcours professionnel ». Il entre au Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA), devenu l'ARCOM en 2014, « un peu par hasard ». Il passe un an à la direction juridique, puis trois ans aux affaires internationales et européennes. « Cette expérience a posé les bases de mon implication ultérieure dans la défense des intérêts des médias à l'échelle européenne, confie-t-il. En 2018, il rejoint en tant que conseiller chargé des affaires institutionnelles et européennes la Société civile des auteurs multimédia (Scam), un organisme de gestion collective des droits d'auteur qui reverse des droits aux documentaristes, réalisateurs audiovisuels et de radio, journalistes, dessinateurs de presse et photographes.

Agir en faveur du pluralisme de la presse indépendante

Depuis juillet 2025, il occupe la fonction de directeur général du Spiil, le Syndicat de la Presse d'Information Indépendante en Ligne. Cette organisation professionnelle fédère 250 éditeurs indépendants de presse numérique, essentiellement des « pure players » (médias 100% en ligne), ainsi que des titres disposant d'éditions papier. 

« Le Spiil œuvre pour l’intérêt général, soutient le normalien. Ma principale mission est d'assurer la défense des intérêts de ses membres et, plus largement, la viabilité, la soutenabilité et le pluralisme des médias indépendants ». Pour Vianney, le monde de l'information est traversé par une double fragilité. « Elle est d’abord économique, le marché des médias ayant connu une destruction de valeur de 7 milliards d'euros entre 2019 et 2024 dans l’Union européenne. Elle est ensuite démocratique : les menaces incluent la désinformation, les ingérences étrangères, et la position dominante des plateformes numériques dans la distribution de l'information ». 

Le Spiil agit surtout pour sauvegarder l'indépendance de ses membres, face aux actionnariats « susceptibles de générer des conflits d'intérêts ». Vianney Baudeu a ainsi pour interlocuteurs réguliers les pouvoirs publics et leurs représentants. Le syndicat joue également un rôle d'accompagnement et de conseil auprès de ses adhérents. Il les aide à constituer leurs dossiers pour obtenir l'agrément de la Commission paritaire de la presse qui permet d'accéder au régime économique spécifique de la presse[1]. « Nous gérons également l'association « J'aime l'info », une plateforme qui permet aux médias, membres ou pas du Spiil, de lancer des campagnes d'appels aux dons exonérés fiscalement ». Preuve que le Spiil a su sensibiliser, la plateforme a collecté près de 8 millions d'euros en dons l'an dernier.

« Mon agenda global est clair, conclut Vianney Baudeu, entièrement mobilisé autour d’un enjeu démocratique majeur : préserver l'existence des médias indépendants et défendre les éditeurs face aux plateformes et opérateurs d’intelligence artificielle ».