Erwin Idoux : la science au service du bien commun
Après avoir accéléré la R&D de laboratoires pharmaceutiques pendant six ans au sein du cabinet McKinsey & Company , Erwin Idoux, (Promotion 1999 , biologie), a rejoint en 2025 l’Ellison Institute of Technology (EIT) à Oxford, un centre d’innovation qui s'est donné pour mission de « traduire les découvertes scientifiques en impact sur le monde réel ».
Reçu en même temps à l’ENS Lyon et à l’ENS Paris-Saclay, Erwin choisit la seconde par goût pour la biochimie et la biologie moléculaire. Il bifurque en neurosciences en Master 2 puis s’engage dans une thèse de doctorat sur la stabilisation du regard. Un sujet pointu, à l'interface entre la biologie, la physique et les mathématiques. « Vos yeux sont des détecteurs très lents : voir nécessite que l’image reste stable sur la rétine suffisament longtemps. Mon objectif était de comprendre les propriétés des neurones responsables de la stabilisation du regard lors de mouvements de tête, qui permettent par exemple de lire dans le bus », explique Erwin Idoux. Il soutient sa thèse à l’Université Pierre et Marie Curie en 2007, puis enchaîne deux post-docs. Le premier à l’Université de Boston, où il met au point un outil d'optique non-linéaire qui contrôle en temps réel la concentration intracellulaire de calcium. Le second au Centre National d’Études Spatiales (CNES), sur le mal de l’espace, dont souffrent les spationautes.
Recherche, conseil, même démarche ?
Lassé des lenteurs du système de recherche français, Erwin décide de bifurquer vers le métier de consultant, une transition que de plus en plus de docteurs réalisent couramment dans de nombreux pays. « Conseil et recherche ont la même approche réductionniste des problèmes. Dans les deux cas, vous faites face à des problèmes complexes que vous divisez en sous-problèmes plus simples à résoudre indépendamment. Puis, vous resynthétisez la réponse au problème complexe à partir de chacun des sous-problèmes résolus ». Les objets diffèrent, ainsi que la temporalité. « Pour résoudre le problème, dans le conseil, au lieu de trois ans, vous avez trois semaines. Il faut aussi savoir être assertif rapidement pour proposer des solutions plausibles une fois le problème compris à 80 % au lieu d’attendre de le comprendre à 99,99% comme c’est le cas en recherche ».
Accélérer la R&D pharmaceutique grâce à l'IA
Erwin fait donc ses premiers pas dans le conseil chez Cepton, avant de rejoindre quatre ans plus tard le pôle de compétences Life Sciences de McKinsey. « Nous mettions à disposition des chercheurs de l'industrie pharmaceutique des algorithmes et des méthodes qui permettent d'accélérer leur travail sans perte de qualité, voire d’explorer des territoires jusqu’ici inaccessibles ». Les solutions proposées sont directement inspirées des dernières avancées de la recherche. Outre un socle de connaissances solides, l’ENS Paris-Saclay a en effet transmis au consultant la capacité à trouver rapidement les informations et à les rendre intelligibles pour ses interlocuteurs.
Cap sur Oxford, au Ellison Institute of Technology
Au printemps 2025, Erwin Idoux quitte McKinsey pour rejoindre l’Ellison Institute of Technology (EIT), à Oxford. Fondé et financé par Larry Ellison, ce centre d’innovation poursuit un idéal : offrir des solutions soutenables scientifiquement et économiquement dans quatre grandes problématiques mondiales (santé, securité alimentaire, énergies propres et intelligence artificielle & robotique). « L'objectif de l’Institut est de créer des solutions qui s’autofinancent pour que le plus grand nombre bénéficie sur le long terme des avancées de la science et de l’intelligence artificielle», détaille Erwin. Le normalien, chassé sur Linkedin, est devenu Product lead au sein du département intelligence artificielle et robotique. Séduit par l’idée de « maximiser l’impact social de la recherche », il travaille entre autres sur la résistance antimicrobienne. « L'idée est de pouvoir détecter et caractériser très précocement les pathogènes pour éviter leur propagation planétaire et l’accroissement de leur résistance aux traitement actuels». Pour ses différents projets, l’EIT a établi un partenariat stratégique avec l’Université d’Oxford, tout en développant un réseau international de collaborations académiques et industrielles. L’Institut recrute également des talents à travers le monde pour ses programmes et ses initiatives de recherche appliquée, y compris via un programme doctoral.
En quête d’impact direct pour l’humanité
Si Erwin appréciait son métier de conseil chez McKinsey, il lui manquait toutefois de pouvoir voir l’impact réel des stratégies préconisées à ses clients. « Aujourd’hui, avec les équipes de l’EIT, je peux suivre le processus de bout en bout, de l'identification du problème à la conception de la solution, de la création des modèles d’IA jusqu’à leur implémentation pratique, et cela, pour des enjeux majeurs pour la planète. Ce nouveau poste fait la synthèse de ma carrière de chercheur et de ma carrière de consultant », conclut-il. Un équilibre subtil qui sied particulièrement bien à l’esprit normalien !
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