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Laurent Champaney : Former au leadership dans l’enseignement supérieur et la recherche

Témoignages

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06/05/2025

Normalien (Mécanique, 1988), agrégé, président de la Conférence des grandes écoles, directeur général de l’École supérieure des Arts et Métiers (ENSAM)Laurent Champaney incarne aujourd’hui le leadership qu’il appelle de ses vœux pour encadrer les évolutions de notre système d’enseignement supérieur et de recherche.

De son propre aveu, Laurent Champaney n’était pas un très bon élève. Mais en seconde technique, il se découvre une véritable passion pour la technologie, qui ne le quittera plus. Après ses classes prépa à Angers, où l’essentiel de la promotion se destinait aux Arts et Métiers de la même ville, lui est reçu au concours de l’ENS Paris-Saclay dont il rejoint le département de mécanique en 1988. « , se souvient-il, j’ai pleinement profité de la vie parisienne tout en m’impliquant beaucoup dans la vie étudiante sur le campus de Cachan ». Il obtient l'agrégation de sciences industrielles de l’ingénieur en 1991, puis, sur les conseils de ses enseignants, il part en stage dans une entreprise en Irlande. De retour en France, il enchaîne un master 2 (UPMC) avec une thèse de doctorat au LMT (aujourd’hui le LMPS) de l’ENS Paris-Saclay, qu’il soutient en 1996. En parallèle, le jeune normalien acquiert différentes expériences d’enseignement, à l'école militaire durant son année de service militaire, et dans d’autres écoles d’ingénieurs, puis, il décroche un poste de professeur agrégé (PRAG) à l’Université Sant-Quentin-en Yvelines, une des quatre universités nouvellement créées en Ile de France. 

 

L’enseignement, une intime conviction

A l’Université, Laurent Champaney s’investit pleinement dans l'accompagnement des étudiants d’horizons divers et dans l’ingénierie pédagogique, notamment en créant un DESS. « En dépit du manque de moyens j’y ai passé mes plus belles années d’enseignementaffirme-t-il. J’ai réalisé que ma vocation s’incarnait plutôt dans le pilotage pédagogique plutôt que dans la recherche ». Après l'obtention de son Habilitation à diriger des recherches (HDR) et être passé Maître de Conférences, le normalien est appelé en 2005 par l’ENS Paris-Saclay pour y diriger le département de génie mécanique. D’abord surpris, il retrousse ses manches pour relever ce défi. « Enseigner à l'École Normale Supérieure Paris-Saclay était particulièrement stimulant intellectuellement : le niveau élevé des étudiants nous obligeait à une innovation pédagogique continue. Fabriquer de nouveaux outils en collaboration avec eux et voir leur appropriation des concepts à travers eux était une source de grande satisfaction »

 

L’expérience américaine

A l’aube d’un second mandat, encouragé par la direction de l’ENS Paris-Saclay, Laurent Champaney décide de partir enseigner une année à l'UCLA. Cette expérience lui permet de découvrir une autre culture universitaire. « Elle a également été déterminante dans ma décision de m'investir davantage dans des fonctions stratégiques dans l'enseignement supérieur ». De retour en France, le normalien est nommé en 2012 directeur général adjoint en charge de la formation à l’ENSAM, un poste qu’il occupera pendant 5 ans avant d’être nommé directeur général en 2017 un mandat renouvelé pour cinq ans en 2022. 

 

Renouer avec les valeurs fondatrices d’Arts et Métiers

Parmi les motivations qui le pousse à prendre des responsabilités à Arts et Métiers, Laurent Champaney constate que peu de ses diplômés poursuivent une carrière dans l’industrie alors même que ce secteur en a besoin.  « Nombre d’entre eux viennent à l’école pour la marque qu’elle représente sur le marché de l’emploi. Or actuellement, en France, on parle de réindustrialisation et de relocalisation, et pour cela, nous avons absolument besoin de profils comme ceux formés aux Arts et Métiers ». Convaincu dès son arrivée il y a quinze ans, il défend toujours aujourd’hui avec la même vigueur l'ancrage industriel de l’école qu’il dirige. « Comprendre la matière, les processus de fabrication, c'est fondamental. Même à l'ère de la digitalisation, il est crucial de former des ingénieurs à une solide compréhension du monde physique ». Il observe d’ailleurs que la méthodologie de formation n’est pas très éloignée de celle des sciences pour l’ingénieur à l'ENS Paris-Saclay.  « Forges, fonderies, etc, nous utilisons de nombreuses machines à l’échelle 1 pour former nos ingénieurs sur nos campus ! » rappelle Laurent Champaney. « De fait, nos étudiants apprennent à dialoguer avec les équipes de production. Dans l’industrie, le collectif humain inclut des cadres et des ouvriersNos étudiants apprennent non seulement à surmonter les défis opérationnels qui se posent pour faire tourner les machines au quotidien mais aussi à s’adapter à cette diversité sociale. En intégrant pleinement cette dimension humaine, nos ingénieurs sont donc préparés au management » affirme-t-il, s’insurgeant au passage contre les référentiels de formation qui oublient de préciser cette dimension managériale, faute de cours de management inscrits explicitement dans le programme de formation.

 

L’ENS Paris-Saclay : former des leaders de l’ESR

Dans le contexte actuel de disparition progressive de l'enseignement manuel et technologique à l’école et de manque de moyens dans l’enseignement supérieur, maintenir des plateformes technologiques performantes sur les campus représente un défi quotidien selon Laurent Champaney. C'est pourquoi, au-delà de la formation initiale, il est essentiel selon lui de développer la recherche partenariale appliquée, les relations industrielles et le mécénat. « C'est un défi permanent qui me passionne ». Il ajoute : « C’est pour cette raison que nous avons besoin de leaders pour prendre des responsabilités académiques : faire le lien entre la recherche et le monde socio-économique, encadrer des formations, diriger des établissements », affirme le DG. De ce point de vue, je suis persuadé que l’ENS Paris-Saclay a un rôle à jouer. Son excellence et sa singularité résident dans sa capacité à former des profils brillants capables de prendre des responsabilités académiques, soutient Laurent Champaney, citant l’exemple de Sylvie Retailleau, normalienne, ancienne ministre et ancienne présidente d’université. 

 

Des femmes aux avant-postes

Président de la Conférence des Grandes écoles depuis 2021 après en avoir été le vice-président, Le DG de l’ENSAM œuvre à l’attractivité des grandes écoles et prône globalement les bienfaits du système dual de notre enseignement supérieur. « La France possède de grands pôles publics, ———­éducation, santé, justice,— auxquels les universités forment traditionnellement. Parallèlement, le modèle des grandes écoles est davantage orienté vers l'entreprise. L'accès y est sélectif et donc plus limité. Cet équilibre est indispensable à notre société ». Il pointe également le problème de diversité de genre dans les filières scientifiques. « Pourtant, aux Arts et Métiers, les filles réussissent mieux que les garçons et sont mieux payées à la sortie ! affirme son directeur général. En dépit des multiples initiatives, on assite à un problème structurel en France. Nous possédons une école supérieure de mathématiques d’excellence mais en amont, nos méthodes d'évaluation sont défavorables aux femmes dès le plus jeune âge ». Pour lui, une véritable révolution est donc nécessaire. « Si l'on veut une société plus juste, plus humaine et protectrice, il faut davantage de femmes aux postes de décision. Ce n'est pas seulement une question d'équilibre et de justice sociale, mais aussi une question d'avenir. Donner du pouvoir aux femmes est une priorité ».

 

À la jeune génération normalienne, Laurent Champaney conseille vivement de ne pas négliger le sens du collectif durant leurs études. « Dans une société où le repli sur soi est exacerbé par le numérique, il est fondamental de ne pas négliger l'attention portée à son entourage. L'IA apporte des connaissances structurées, il est donc d'autant plus important de vous investir aussi humainement. Cet engagement, par exemple associatif, vous prépare aussi à votre future carrière, conclut-il. Une école comme l’ENS Paris-Saclay est structurée pour cela, alors saisissez pleinement cette opportunité ».

 

 

 

 

 

 

 

 

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