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Catherine Davy, une normalienne à la tête du campus des Arts et Métiers de Lille

Témoignages

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19/12/2024

Fidèle à la vocation des Écoles Normales Supérieures, la carrière de Catherine Davy (1997, agrégée de conception mécanique et docteur en mécanique des matériaux de l’ENS Cachan) s’inscrit depuis bientôt 30 ans dans l’Enseignement Supérieur et la Recherche. Mais depuis un peu plus de deux ans, la professeure des Universités et enseignante-chercheuse s’est lancée dans un nouveau défi : diriger un campus Arts et Métiers.

 

Une formation doublement excellente

A l’automne 2024, Catherine Davy a reçu la médaille de Chevalier de l'Ordre National du Mérite. « J’ai juste fait mon travail, rien d'extraordinaire », évoque-t-elle avec humilité. Elle reconnaît néanmoins que cette distinction a donné un coup de projecteur sur son parcours professionnel, celui d’une centralienne et d’une normalienne, aujourd'hui première femme à diriger un campus Arts et Métiers.

Diplômée de l’École Centrale Nantes en 1996, Catherine Davy décide finalement de poursuivre sa formation et intègre l’ENS Paris-Saclay en troisième année. « Quelques stages en entreprise ont eu raison de mon attirance initiale pour le métier d’ingénieur. J'avais l'impression que j'avais encore des choses à apprendre », se souvient-elle. Elle obtient l’agrégation de mécanique en juin 1997, puis décide de poursuivre en thèse au Laboratoire de Mécanique et Technologie (LMT - aujourd'hui le LMPS), inspirée par l’un de ses enseignants de l’ENS. « En partenariat avec la Direction des Applications Militaires (DAM) du CEA, le projet de recherche portait sur la validation expérimentale d’un critère de rupture multiaxial d'un composite carbone-carbone tri directionnel, précisément celui qui sert pour les têtes des ogives des missiles nucléaires, détaille-t-elle. Un brevet a même été déposé sur le dispositif expérimental que nous avons réalisé ». Son statut de normalienne et une allocation de monitorat lui permettent d’avoir une première expérience dans l’enseignement. Elle soutient sa thèse en 2001, puis part en post-doctorat à l’Université de Cambridge. De retour de Grande Bretagne, Catherine Davy s’installe à Nantes, où son mari vient tout juste d’être recruté comme chargé de recherches au CNRS. Elle occupe un temps un poste d'ATER à l'ENS de Bretagne puis décroche un poste de maître de conférences à l'École Centrale de Lille. Elle y poursuit sa carrière d’enseignante-chercheuse pendant 18 ans, obtient son habilitation à diriger des recherches en 2010 puis devient professeur des universités en 2014.

 

La recherche, un tremplin pour le management

La carrière de Catherine Davy prend un nouveau tournant en 2022 lorsque Laurent Champaney, Directeur Général de l'École Nationale Supérieure d'Arts et Métiers (ENSAM), lui propose de prendre la direction du campus d’Angers-Laval. « Nous nous étions rencontrés lorsque nous étions tous deux étudiants à l’ENS Paris-Saclay, le réseau a donc bien fonctionné, raconte-t-elle. Elle hésite, mais le DG de l’ENSAM finit par la convaincre. Elle est la première femme à ce poste. Deux ans après et forte d’une expérience réussie à Angers, sa famille et ses amis étant restés dans le Nord, Catherine Davy devient la directrice du campus de Lille. Avec environ 600 élèves ingénieurs et 120 collaborateurs sous sa responsabilité, Catherine Davy décrit son rôle de directrice de campus avec enthousiasme : « je veille quotidiennement à ce que les personnels comme les élèves travaillent dans de bonnes conditions, confie-t-elle. Sur le campus, j’ai une proximité avec les étudiants différente qu’en tant qu’enseignante. A l’externe, je véhicule et fais rayonner l’image de cette belle École ». Pour bien appréhender sa mission de manager, Catherine s’est adjoint les services d’un coach personnel. « Avoir un don pour diriger ne suffit pas en réalité, concède-t-elle, mais c’est très stimulant d’évoluer dans un environnement de passionnés, les élèves comme mes collègues sont hyper investis et partagent les mêmes valeurs. C’est d’ailleurs quelque chose qu’on a en commun avec l’ENS Paris-Saclay », fait-elle remarquer.

 

 

Cultiver le lien avec les alumni

Autre point commun entre les deux écoles : cultiver le lien avec les anciens élèves. « C'est une culture intéressante, faite de traditions d’intégration et de fraternité qui ont su s’adapter à l’évolution de notre société, observe la directrice. Il est d’ailleurs indispensable d’accompagner la transmission des traditions pour diriger un campus Arts et Métiers ». En tant qu’ancienne élève de l’ENS Paris-Saclay, elle conçoit volontiers avoir « envie de savoir ce que deviennent les uns et les autres ». Si Catherine Davy a quelques contacts avec ses anciens camarades centraliens qui sont tous en entreprise, elle en a gardé également avec les normaliens restés dans l’Enseignement supérieur et la recherche.  « Lorsqu’on se voit, ce qui arrive régulièrement, il existe une proximité et une confiance assez naturelle qui se noue entre nous ». Bienveillante à l’égard des étudiants, elle les conseille volontiers sur leur futur parcours. « Beaucoup intègrent l'ENS grâce à leurs excellents résultats scolaires mais je leur conseillerais de rester ouverts, un plan de carrière ne s’impose pas systématiquement. La mienne s’est construite au gré de mes rencontres, assure-t-elle. Il faut juste apprendre à bien se connaître ».

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