Morgan Bertin : faire rimer aventure, conseil et engagement
Aventurier dans l'âme, Morgan Bertin (promotion 2008, sciences de l’ingénieur) trace un parcours singulier, marqué d’un double sceau, civil et militaire. De l'ENS à Saint-Cyr, en passant par la recherche, l’armée, le conseil et les grandes entreprises, sa trajectoire révèle des qualités hors norme et incarne la diversité des possibles.
Après deux premières années généralistes, Morgan Bertin prépare à l’ENS Paris-Saclay le master formation à l’enseignement du supérieur en sciences de l’ingénieur, en parallèle de sa préparation à l’agrégation. Mais Morgan rêve depuis l’enfance d’aventure et d’espace plutôt que d’enseignement. En 2011, l’École le soutient dans sa décision – « une des plus ardues de ma vie », de rejoindre l'École Spéciale Militaire de Saint-Cyr (ESM) pour suivre le cursus d’officier de l’armée de terre et intègre la promotion Chef de Bataillon Barek de Ligny. « Durant un an et demi, j’étais volontaire aspirant de l’armée de terre », explique Morgan, qui rejoint ensuite le 2e régiment de hussards, régiment de recherche humaine des forces terrestres. Vivant pendant cette année « une expérience extraordinaire » qui lui donne « une impulsion incroyable », il devient officier de réserve en 2013.
Entre sciences et armée
En 2013, Morgan signe son retour à l’ENS pour faire un M2 recherche, puis une thèse en sciences de l’ingénieur qu’il soutient en 2016. Il mène de front ses travaux de recherche et son engagement dans l’armée. « Tous les mois j’accompagnais le 2e régiment de hussards sur trois volets : l’appui à la préparation opérationnelle, la formation initiale des nouvelles recrues et l’encadrement des activités de réserve ». Côté recherche, il développe des solutions de corrélation d’images numériques. « Qu’elles soient prises par des appareils photo, des microscopes électroniques à balayage ou des tomographes à rayons X, le principe est d’utiliser leurs infimes variations des niveaux de gris des pixels afin d’identifier des paramètres de lois de comportement et les erreurs de mesure associées, une approche aujourd’hui en pleine expansion dans l’industrie aéronautique, explique-t-il. De sa propre initiative, le doctorant monte un projet de recherche en partenariat avec l’université de technologie (TU/e), à Eindhoven, aux Pays-Bas. Ses travaux de recherche, portés par le Laboratoire de Mécanique Paris-Saclay (LMPS) reçoivent en 2017, la médaille d’or « George Stephenson » de l’institution of Mechanical Engineers.
A cette période, il passe également sa licence de pilote privé (PPL).
Le goût pour l’aventure
Morgan Bertin rejoint en 2016 le cabinet de conseil Boston Consulting Group (BCG) où il restera cinq ans. Il y fait un apprentissage accéléré du monde de l’entreprise et part en missions partout dans le monde. Puis, fort de sa double compétence aéronautique et militaire, le jeune consultant saisit l’opportunité en 2019 de rejoindre l’État-major des armées. En parallèle de sa carrière civile, il commande et exécute une cinquantaine de missions aériennes en opération durant trois ans. « Pour la première fois de ma vie, confie-t-il, j’ai ressenti un sentiment d’accomplissement profond ».
En 2021, en marge de ses activités professionnelles, il candidate à l'ESA pour devenir astronaute. Un parcours difficile de 18 mois, ponctué de différents tests, qu’il effectue au German Aerospace Center à Hambourg ainsi qu’au centre européen des astronautes à Cologne. C’est aussi « une aventure humaine hors du commun » lorsqu’il rencontre des astronautes en activité. Morgan figure parmi les derniers candidats européens, mais l’aventure s’arrête en juillet 2022, aux portes de l’espace : une déception vite relativisée par la naissance de sa fille.
Du Hub drones au private equity
En 2021, Morgan Bertin est recruté par Thales. « Au sein d'une entité internationale réalisant plusieurs millions d'euros de chiffre d'affaires, j'étais responsable d'une partie des activités liées aux solutions de contrôle du trafic aérien ». En parallèle, il crée, en tant que président, le Hub Drones au sein de Systematic, un des plus importants pôles de compétitivité français. Inauguré fin 2021, le Hub est une « réussite collective », selon Morgan, fier d’avoir accompagné et mobilisé des start-ups et des groupes industriels autour du développement de nouvelles technologies pour les drones. Puis, Morgan Bertin quitte Thales pour rejoindre en 2023 le secteur Private Equity Performance Improvement (PEPI) du cabinet de conseil Alvarez & Marsal (A&M). Il met à profit sa double expérience de consultant et de dirigeant opérationnel pour bâtir et accompagner des projets d’amélioration de la performance des entreprises détenues par des fonds de capital-investissement (private equity).
L’ENS Paris-Saclay : un catalyseur de vie
Morgan conserve un souvenir ému de ses années passées à l’ENS Paris-Saclay : « Une des richesses de l'École est de permettre à ses étudiants d’approfondir la connaissance d’eux-mêmes pour découvrir les trajectoires qui les rendront heureux, affirme-t-il. « Pendant mes trois premières années, j’ai pu explorer le monde, notamment l’Afrique australe, et j’ai pratiqué le sport à haut niveau ». La période de sa thèse a été également une expérience exceptionnelle. « Elle m'a donné le goût d'aller au fond des choses : j'y ai appris la rigueur, l'approfondissement de l’analyse précise des données, une manière d’adresser les problèmes qui me sert quotidiennement dans ma vie professionnelle ». Alors Morgan Bertin conseille aux étudiants de ne pas se presser. « Croyez au plaisir de l’instant et n’ayez pas peur de servir des causes plus grandes que vous ; elles vous amèneront plus loin que ce que vous pouvez imaginer ! ».
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