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Damian Py, dirigeant de Daan Tech

Témoignages

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25/04/2020

Parcours

Master Mathematics, Vision and Learning (MVA) de l’ENS Paris-Saclay.

Damian Py intègre l’ENS en 2013 par le concours de la filière ECS. 

Ayant déjà la volonté de monter sa propre entreprise, il fera toutefois, en parallèle de son double cursus à l’ESTP, une licence en maths du fait de son attachement aux sciences (notamment en électronique, domaine où il brilla dès son lycée). Par la suite, il intègrera Centrale Supélec en admission sur titre et enfin le master MVA de l’ENS Paris-Saclay.

Souhaitant faire un diplôme à l’ENA, c’est en 2015 que Damian renonce à cette idée en faisant la rencontre d’Antoine Fichet son futur associé. C’est alors que l’entreprise Daan Tech naît. Son premier produit commercialisé est le mini lave-vaisselle Bob conçu pour 1 à 2 personnes, autonome et ne consommant que 0,35 kWh et 3,8 litres d’eau maximum par cycle, soit 5 fois moins qu’un lavage à la main.
Quatre ans plus tard, ayant trouvé des fournisseurs et obtenu la bourse French Tech diversité depuis peu de temps, l’entreprise Daan Tech va au CES (Consumer Electronic Show) lui octroyant une plus grande visibilité. En particulier, Damian fait la rencontre d’investisseurs qui permettent à lui et à son entreprise « d’internaliser « au maximum la production, à cause notamment de la condescendance rémanente des sous-traitants et des fournisseurs.

Aujourd’hui, Daan Tech est bien implantée en France et en Europe et a pour projet de s’implanter en Asie. Ce succès retentissant nous fait espérer que très vite Daan Tech deviendra un leader du marché du Lave-vaisselle et peut-être même de celui de l’électronique.


Comment vous est venue l'idée avec votre associé de Daan technologie et votre lave-vaisselle « Bob » ?

Nous avons eu l’idée parce que dans notre chambre d’étudiant, nous avions chacun un micro-ondes, un frigo et pas de lave-vaisselle. Faire la vaisselle est une réelle perte de temps et en tout honnêteté je préfère travailler que faire la vaisselle.

Tout est donc parti de là, et on s’est lancé lorsqu’on s’est aperçu que beaucoup partageaient notre constat et qu’il n’y avait pas d’offre adaptée. Le marché étant là, nous nous sommes dit que pourvu que nous arrivions à sortir le produit, cela fonctionnerait commercialement.


Comment avez-vous vécu votre entrée dans le monde professionnel, avec votre propre start-up dès la sortie de l’école ? Est-ce que ça a été difficile ?

Ce qui a été particulièrement difficile est la discrimination dont sont victimes les jeunes en France. Souvent, quand j’allais voir des fournisseurs (à commencer par S20) nous n’étions pas pris au sérieux à cause de notre âge, alors que nous étions souvent beaucoup plus qualifiés que nos interlocuteurs et l’un de leur principal client potentiel par rapport au chiffre d’affaires que nous leur apportions. C’est une des raisons pour lesquelles nous avons progressivement tout internalisé : il s’est avéré plus facile de faire en interne que de travailler avec des fournisseurs qui ne voulaient pas forcément travailler pour nous sérieusement… Il m’arrive souvent que quelqu’un, lorsqu’il visite mon entreprise, me demande de parler « au patron ». Il m’est même arrivé sur un salon qu’on me prenne pour un stagiaire. Le réel problème en France est que la moyenne d’âge dans l’industrie est au-dessus de 50 ans. Autant, dans le numérique la jeunesse est un atout, mais c’est un réel handicap dans une industrie assez conservatrice et vieillissante.

Une autre chose qui a particulièrement été difficile, est de se voir dire « non » par tous les VCs en raison de mon âge. J’ai consulté tous les VCs français (une soixantaine au total) mais à chaque fois j’ai eu droit à une réponse condescendante du genre « c’est un intéressant projet étudiant. Bob le lave-vaisselle pour étudiants. Je suis sûr que mon fils qui a votre âge trouverait ça intéressant… » ou encore « vous êtes une génération de fainéants, un lave-vaisselle pour une ou deux personnes, et puis quoi encore ?? » …


Est-ce difficile d’occuper la position de PDG, au jour le jour ? Etes-vous toujours aussi motivé ?

En dehors du fait d’être jeune et d’être harcelé par des entreprises qui vendent des services inutiles ou qui cherchent à vous piller, non, c’est un bonheur. 

Certes, ce sont des semaines de 80 à 100h. Je me lève souvent à 4h du matin pour avancer et je travaille le week-end. Mais ce que je fais me passionne. Nous sommes réellement en train de révolutionner le secteur de l’électroménager, et ce qui me motive, c’est que tous les quinquagénaires qui dirigent nos concurrents, ne sentent pas encore le monde trembler sous leurs pieds.

Ce qui me motive aussi à travailler beaucoup, c’est d’être entouré d’une équipe de personnes remarquable. C’est aussi pour eux que je me lève tous les jours. Je leur suis infiniment reconnaissant. Je travaille aussi pour les gens qui comme moi viennent d’un milieu défavorisé, pour montrer que « c’est possible » si on se bat et qu’on ne lâche rien. 

 

Enfin, ce qui me motive aussi, c’est de faire autant avec si peu. Toutes les autres startup hardware avec un produit autre que purement électronique (Cowboy, Angell, June Oven, Juicero, Withings, etc.) ont levé des dizaines de millions d’euros. Nous allons réussir avec dix fois moins, grâce à notre jeune âge, à notre énergie, à notre capacité à apprendre vite et à aborder les problèmes avec un regard neuf, alors précisément que tous les VCs ont refusé de nous soutenir à cause de notre jeune âge et de notre manque d’expérience ! C’est pour moi une revanche délicieuse.


Vers quel projet vous orientez vous une fois que la production et la commercialisation de « Bob » sera terminée ?

Bob n’est que le premier produit de Daan Tech, qui nous a permis de bâtir notre capacité stratégique, c’est-à-dire notre cœur de compétences et notre savoir-faire.

Nos priorités pour 2021 sont :

  • Le développement à l’export de Bob en Europe et en Asie ;
  • Se positionner comme fournisseur de technologies pour les fabricants de lave-vaisselles full-size : nous avons en effet développé Bob OS que nous mettrons à disposition des fabricants gratuitement et qui permet la télémaintenance et la maintenance prédictive, à condition qu’ils utilisent notre solution de Bob cassette, qui offre la meilleure performance pour les cycles courts et des performances comparables aux meilleurs acteurs du marché en cycles longs
  • Développer le Bob XL, un lave-vaisselle 6 couverts autonomes, pour les foyer jusqu’à 4 personnes et destiné aussi à l’export en Amérique du Nord
  • Conforter notre position comme leader dans le domaine de la maintenance prédictive des appareils électroménagers en continuer à recruter des data scientists
  • Développer notre banche génie biochimique, notamment pour améliorer nos formulations de détergents éco-responsables, développer et produire à l’échelle industrielle des enzymes plus efficaces que la concurrence en cycles courts.
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