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Erwin Idoux, un neuroscientifique chez McKinsey

Témoignages

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02/07/2024

Erwin Idoux (promotion 1999, biologie) passionné par les sciences de la vie a bifurqué vers le conseil avec audace et détermination, après une carrière dans la recherche. Depuis cinq ans, il travaille chez McKinsey & Company où il accompagne les laboratoires pharmaceutiques.

 

Reçu en même temps à l’ENS Lyon et à l’ENS Paris-Saclay, Erwin choisit la seconde par goût pour la biochimie, une discipline qu’il affectionne particulièrement. Il bifurque en neurosciences en Master 2 puis s’engage dans une thèse de doctorat sur la stabilisation du regard. Un sujet pointu, à l'interface entre la biologie, la physique et les mathématiques. 

 

Pouvoir lire dans le bus

« Vos yeux sont des détecteurs très lents : il faut que l’image reste stable sur la rétine pour voir. Mon objectif était de comprendre les propriétés des neurones responsables de stabiliser le regard par rapport aux mouvements de tête, par exemple lorsque vous lisez dans le bus », explique Erwin Idoux. Il soutient sa thèse à l’UPMC en 2007, puis enchaîne deux post-docs. Le premier à l’Université de Boston, sur un sujet qu’il a pensé et réalisé de A à Z, son directeur de laboratoire américain initialement prévu lui ayant fait faux bond à la dernière minute. « Du jour au lendemain, j’ai dû proposer un nouveau projet à un autre laboratoire et trouver son financement, que j’ai obtenu de la Commission européenne ». Là, Erwin met au point un outil d'optique non-linéaire qui contrôle en temps réel la concentration intracellulaire de calcium. Cela permettait à la fois de combler un manque dans l’arsenal des outils disponibles pour les neurosciences et d’assouvir sa passion pour l’interdisciplinarité.

 

Changement de cap

De retour en France, Erwin effectue un second post-doc, cette fois financé par le CNES. « Le mal de l’espace, dont les spationautes souffrent, est provoqué par le système impliqué dans la stabilisation du regard ». Les lenteurs du système de recherche français le lassent, Erwin réfléchit, — par quoi est-il le plus motivé, si ce n’est par la résolution de problèmes ? Il prend alors une décision, radicale, en apparence : exit la recherche, bonjour le conseil. « C’est une transition que de nombreux docteurs réalisent couramment dans d’autres pays, notamment aux Etats-Unis, où des amis avaient franchi le pas ».

 

Recherche, conseil, même démarche ? 

« Conseil et recherche ont effectivement la même approche réductionniste des problèmes, répond Erwin. Dans les deux cas, vous faites face à un problème complexe que vous fractionnez en sous-problèmes plus simples à résoudre indépendamment. Puis, vous resynthétisez la réponse au problème complexe à partir de chacun des sous-problèmes résolus ». CQFD. Seuls les objets diffèrent, ainsi que la temporalité. « Pour résoudre le problème, dans le conseil, au lieu de trois ans, vous avez trois semaines. Il faut aussi savoir être assertif rapidement pour proposer des solutions plausibles une fois le problème compris à 80 % au lieu d’attendre de le comprendre à 99,99% comme c’est le cas en recherche». 

 

Erwin fait donc ses premiers pas dans le conseil chez Cepton, une boutique de stratégie focalisée sur les sciences de la vie où il reste quatre ans. Il rejoint ensuite le pôle de compétences Life Sciences de McKinsey pour accélérer la R&D des laboratoires pharmaceutiques, notamment grâce à l'intelligence artificielle. « Nous mettons à disposition des chercheurs de l'industrie pharmaceutique des algorithmes et des méthodes qui permettent d'accélérer leur travail sans perte de qualité, voire d’explorer des territoires jusqu’ici inaccessibles. Ainsi, les chercheurs refocalisent leurs efforts là où ils ont une vraie valeur ajoutée ». 

 

Son passage à l’ENS Paris-Saclay a transmis à Erwin Idoux une polyvalence de connaissances en biologie indispensable pour entrer très rapidement dans le contenu spécialisé et interagir avec ses interlocuteurs. « Je leur apporte des solutions innovantes et pertinentes sur la base des dernières avancées de la recherche car ma formation à l’ENS m’a appris à trouver l’information et la rendre intelligible pour divers publics ». Lui-même continue à faire évoluer la réflexion sur les enjeux de la recherche et de l’intelligence artificielle à travers la rédaction de livres blancs, une démarche intellectuelle encouragée par McKinsey[1] .

 

Erwin conserve un lien fort avec l’ENS Paris-Saclay, prenant régulièrement son bâton de berger pour prêcher aux normaliennes et normaliens que « la formation qu’ils et elles reçoivent est plus que pertinente pour s'épanouir dans une carrière de consultant ! ».


[1] Le McKinsey Cancer Center est présent chaque année à l’ASCO et l’ESMO, congrès mondiaux de référence en oncologie, pour mettre en lumière des enjeux clefs de la discipline (Oncology in silico, digital health, role of patient in drug development) ; Le McKinsey Health Institute, entité à but non lucratif de McKinsey, plus récent, s'occupe des sujets de santé au sens large, à l’instar de la santé des femmes, par exemple.

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