Du dieselgate de Volkswagen au rugbygate de la Coupe du monde de rugby de 2023, la carrière de Jacques Rivoal (promotion 79 ENSET) n’a pas toujours été un long fleuve tranquille, mais il continue de partager aujourd’hui son expérience de manager, cultivant son goût pour les relations humaines et sa passion du rugby.
En classe de troisième, on propose au jeune Jacques de tenter le concours de l'École Normale d'Instituteur. « La dispense du BEPC et l’obtention d’une bourse pendant les trois années de lycée m'ont séduit » avoue-t-il. Il réussit le concours, mais au bout de deux ans, « ne se voyant pas toute sa vie instituteur », il s’inscrit à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, dans l’optique de passer le concours de l’ENS Paris-Saclay une fois sa sa licence obtenue. Il est reçu, décroche le CAPES ainsi que le master de sciences économiques, tout en poursuivant en parallèle un cursus en politiques économiques et sociales à Sciences Po Paris qui le mène jusqu’à un DESS en gestion des ressources humaines. Jacques a donc expérimenté tous les types d’enseignements, de l’École Normale d’instituteurs à l’École Normale Supérieure, en passant par Sciences Po et l’université. « Mais c’est à l’ENS Paris-Saclay que j’ai acquis cette capacité unique à appréhender des organisations complexes et des contextes difficiles, confie-t-il. J’en conserve d’excellents souvenirs : nous buvions littéralement les paroles de nos enseignants qui étaient de vrais puits de science. On peut toujours apprendre la technicité, ce qui fait la différence, c'est la capacité managériale. Or celle-ci repose fondamentalement sur la culture générale. »
Un oiseau rare dans l’industrie automobile
Science Po révèle le goût du normalien pour les relations humaines. Il se convint qu’il s’épanouira dans l’entreprise dans la fonction Ressources Humaines et candidate chez Renault, justement à la recherche de « diplômés à la tête bien faite », se souvient-il. Jacques réussit ses entretiens de recrutement, le poste en RH semble lui être acquis. Pourtant, le contrat tarde à arriver. On lui annonce alors le gel des embauches, conséquence de durs mouvements sociaux. Mais, séduit par son profil atypique et désireux de diversifier les profils des jeunes cadres, l’industriel automobile propose au jeune normalien d'intégrer une autre fonction, avec la promesse d'une « formation maison ». Finance, achats, juridique ? Et pourquoi pas commerce ? Commence alors pour lui une expérience surprenante sur le terrain. «Imaginez : un normalien qui se retrouve à vendre des voitures en tirant les sonnettes au Val Fourré à Mantes-la-Jolie ! » s’exclame-t-il. Un sacré choc culturel, mais une expérience passionnante.
« Renault fut un employeur formidable qui m'a permis de faire une très belle carrière dans la fonction commerciale : directeur de succursale, directeur régional, directeur vente France puis patron de Renault Allemagne pendant neuf ans », poursuit Jacques Rivoal. Cette réussite, il la doit en partie à son profil « d'oiseau rare », qualifié ainsi par un de ses patrons. De retour au siège en France, le manager occupe un temps un poste moins opérationnel. En 2009, l'opportunité d'intégrer Volkswagen se présente. Il devient alors patron de la marque, puis du groupe, en France où il devra faire face au « Dieselgate ». « Alors que je n'avais aucune responsabilité dans cette affaire, j'ai dû la gérer en tant que patron du groupe Volkswagen en France », raconte-t-il. Il qualifie avec philosophie cette épreuve « d'expérience exceptionnelle de management de crise ».
A 59 ans, Jacques se trouve à la croisée des chemins et l’envie de changement l’emporte. Il crée sa société, en 2018. « Je suis devenu formateur en intelligence relationnelle. L’idée est d'améliorer la qualité des relations entre les gens dans le monde professionnel », détaille-t-il. Il se lance également dans l'interculturel franco-allemand appliqué au management et devient « senior advisor » pour deux entreprises internationales.
La passion du rugby
« J'ai toujours adoré le rugby, évoque avec enthousiasme Jacques Rivoal. J’ai joué dans le club de l’ENS Paris-Saclay et je continue à l’enseigner à de jeunes enfants dans mon club formateur de Versailles ». En 2018, il devient président —une fonction honorifique qu’il occupe à titre de bénévole—, du comité d'organisation de la Coupe du Monde de Rugby, le troisième plus grand événement sportif mondial après les Jeux olympiques et la Coupe du monde de football. Jacques vit toutes les étapes, de la candidature de la France à l’événement lui-même, comme des « moments exceptionnels ». Tout se passe bien, jusqu’à l’été 2022 : suite à des problèmes de management interne, il doit s’investir dans l’opérationnel pour renouveler la gouvernance en lien étroit avec l'État français, actionnaire, et World Rugby, propriétaire de l’événement. « Commence alors ce que j’ai baptisé le « rugbygate », raconte le manager qui se retrouve à devoir gérer, une seconde fois, une crise exceptionnelle. Il travaille sans relâche, toujours bénévolement, pour remettre l’organisation sur des rails et faire de l’événement mondial « une belle fête populaire qui a préfiguré l'ambiance des Jeux olympiques ».
Aujourd’hui, Jacques Rivoal a fait de ses expériences de management un capital formation qu’il transmet volontiers à différents publics. Chefs d’entreprises, cadres dirigeants ou étudiants en écoles de management du sport, son goût des relations humaines est demeuré intact.
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