Joël Richard, de la physique au domaine pharmaceutique
PARCOURS
Promotion 1981/1985 : de l’étude des matériaux à la chimie médicale
Joël Richard intègre l’ENS Cachan (devenu ENS Paris-Saclay) grâce à sa réussite au concours scientifique d’entrée en 1981.
Motivé par son professeur de chimie de "Spéciales "à passer le concours des Écoles Normales Supérieures, il était attiré par une carrière dans la recherche, sans savoir ce que cela signifiait vraiment. Alors qu’il a obtenu la maîtrise EEA à l’Université Paris-Sud en 1983 et l’agrégation de Physique appliquée en 1984, André Barraud (ancien élève de l’ENS Cachan), directeur du Laboratoire de "Physico-chimie de l’état solide organisé" au CEA Saclay, le convainc de rejoindre son laboratoire où il fera son stage de DEA en Sciences des matériaux et sa thèse de doctorat sur les conducteurs organiques en films minces de Langmuir-Blodgett.
« Derrière chaque évènement marquant de ma carrière, une personne charismatique et sûrement exceptionnelle m’a communiqué son enthousiasme, sa passion et ce message : Ose ! Fais ce qui te plaît, tu as les moyens d’y parvenir. »
Fraîchement diplômé de son doctorat et déjà co-auteur d’une vingtaine de publications, Joël Richard entre en tant qu’ingénieur de recherche chez Rhône-Poulenc à Aubervilliers, où il commencera à travailler sur la physico-chimie des latex. Deux ans après, il sera promu au rôle de Responsable d’un Laboratoire de Synthèse Radicalaire de Polymères de Rhône Poulenc. Cette promotion le propulsait nettement en dehors de sa zone de confort et d’expertise.
« J’ai relevé ce challenge, en apprenant beaucoup par moi-même dans ce domaine et m’appuyant sur l’expertise de mon équipe. »
Il obtient l’Habilitation à Diriger les Recherches (HDR) en chimie à l’Université de Bordeaux I en 1994.
Quittant Rhône-Poulenc en 1996, Joël Richard suit une orientation décisive dans sa carrière, en prenant la direction du Centre de Recherche Industrielle et de Transfert de Technologie (CRITT) en microencapsulation, créé à Angers par le Professeur Jean-Pierre Benoit, expert de renommée mondiale dans le domaine de la pharmacie galénique.
C’est notamment au contact de ce professeur que Joël Richard va faire ses premiers pas dans le domaine pharmaceutique en développant des formes galéniques innovantes.
En 1999, Jean-Pierre Benoit et Joël Richard vont créer à Angers la société Mainelab spécialisée dans la délivrance contrôlée des médicaments. Joël Richard en assurera la Direction générale pendant 4 ans. Cette fonction lui permettra d’acquérir une expérience du management d’une société incluant tous les aspects financiers, humains, légaux...
Joël Richard poursuivra sa carrière dans le domaine pharmaceutique d’abord chez Ethypharm (2001), puis dans le domaine des biotechnologies chez Serono et Merck Serono à Rome (Italie, 2005-2008) en tant que Directeur du Développement Pharmaceutique.
« Ma motivation était également liée au désir d’apprendre de nouvelles choses dans des domaines scientifiques très différents, d’innover ensuite avec une approche différente et d’affronter la complexité de ces nouveaux domaines. »
Joël Richard revient en France en 2008 pour prendre le poste de Directeur senior du développement des produits finis chez Ipsen, où il est promu senior Vice-Président développement pharmaceutique en 2013, poste pour lequel il aura des responsabilités internationales avec une équipe de 150 personnes réparties sur 5 sites différents (France, Irlande, Allemagne, USA).
Il est enfin recruté en 2018 par MedinCell (Montpellier) en tant que Directeur des opérations pharmaceutiques et techniques, et devient rapidement Directeur de l’ensemble des opérations de développement. Tout au long de son parcours, Joël Richard a évolué à travers des domaines très variés de la Pharmacie (R&D chimique et pharmaceutique, production, analytique et contrôle qualité, biotechnologies, protéines/peptides, formulations, systèmes de délivrance et d’administration). Il a également continué à innover et à diriger des recherches scientifiques qui l’ont conduit à être co-auteur de 55 familles de brevets dans des domaines très variés et de 70 publications internationales. Ses travaux lui ont aussi valu d’être conférencier invité dans plus de 100 conférences internationales.
« J’ai choisi la filière pharmaceutique, justement pour avoir un impact fort sur la vie des gens à travers le développement de nouveaux médicaments qui améliorent leur santé et leur permettent de nouveaux traitements. C’est absolument exaltant et cela me procure une grande motivation ! »
Malgré votre formation de physicien, vous avez choisi de vous orienter vers le domaine pharmaceutique.
Pourquoi ce choix ?
Excellente question ! Je pense que je recherchais un domaine d’activité professionnelle qui présente à mes yeux un impact réel et important sur la société et sur la vie des gens. Le domaine de la Santé fait partie de cette classe. J’ai commencé ma carrière au CEA en recherche fondamentale sur des matériaux très innovants pour l’électronique du futur. Je suis ensuite passé dans l’industrie chimique toujours dans le domaine des matériaux mais cette fois pour des applications très concrètes et actuelles dans les revêtements, peintures, adhésifs…
Après quelques années, même si les nouveaux matériaux développés étaient intéressants, il me manquait cependant une motivation profonde pour continuer dans ce domaine. J’ai alors eu l’opportunité à la fois de travailler sur des nano-systèmes polymères utilisés pour immobiliser des anticorps dans des tests de diagnostic biomédical et également de rencontrer de brillants chercheurs en pharmacie galénique innovante, comme le Pr Jean-Pierre Benoit. A chaque fois, l’interface avec le domaine de la Santé et du vivant m’a énormément attiré et fasciné.
J’ai aussi compris que ma culture de physicien/physico-chimiste me permettait d'appréhender assez facilement les grands principes et les phénomènes observés, et éventuellement d’apporter une vision nouvelle ou un éclairage différent dans certains domaines liés au vivant. Beaucoup de choses très intéressantes se passent souvent aux interfaces, et ici il s’agissait pour moi de l’interface entre la physique/physico-chimie et le vivant.
Je suis donc entré dans le domaine pharmaceutique par les aspects liés à la formulation (galénique) et aux systèmes innovants de délivrance des médicaments, comme des microparticules de polymères biodégradables, des nano-capsules lipidiques, des liposomes furtifs, des systèmes d’auto-assemblage de peptides, etc... Ces systèmes permettent de réaliser, après administration sous-cutanée, des libérations prolongées de molécules thérapeutiques sur plusieurs semaines ou plusieurs mois, ou de cibler des tumeurs ou des cellules cancéreuses pour les détruire, ou encore de permettre à des morceaux d’ARN de traverser des membranes ou à des peptides de pénétrer dans des cellules pour moduler des interactions protéine-protéine au cœur-même des noyaux de celles-ci. C’est un monde absolument complexe et fascinant, où de nombreuses connaissances et expertises différentes se côtoient et se complètent pour combattre la maladie.
Votre parcours témoigne de votre grande maîtrise de la filière pharmaceutique. N’est-ce pas source de pression pour vous, de vous dire que le fruit de vos recherches pourrait éventuellement sauver la vie de milliers de personne, surtout au vu de la crise sanitaire actuelle liée au Covid-19 ?
J’ai choisi la filière pharmaceutique, justement pour avoir un impact fort sur la vie des gens à travers le développement de nouveaux médicaments qui améliorent leur santé et leur permettent d’accéder à de nouveaux traitements. Je ne le ressens pas comme une source de pression. Au contraire, je trouve que c’est absolument exaltant et cela me procure une grande motivation. Chaque matin, je me lève en sachant exactement pourquoi je vais aller au travail : les patients attendent de nouveaux traitements dans de nombreux domaines thérapeutiques et ce que je fais tous les jours est constamment focalisé sur les patients et leurs besoins en nouveaux traitements.
Par exemple, ma société travaille à l’heure actuelle sur un médicament pour la prophylaxie de la Covid-19 sur la base de notre technologie de délivrance prolongée, en particulier pour les patients les plus à risque. C’est vraiment passionnant ! Il faut aller très vite, car nous ne savons pas encore comment la pandémie va évoluer, mais nous savons que nous devons être prêts rapidement.
Quelles sont vos projets professionnels dans le futur dans votre nouvelle entreprise MedinCell ?
Je vais continuer à développer mes équipes qui sont encore relativement « juniores » en les formant, les coachant, leur faisant bénéficier de mon expérience pharmaceutique et en recrutant de nouvelles compétences.
Mon objectif est de préparer les étapes futures de croissance de la société et de progression des projets de développement de nouveaux produits vers les phases cliniques aussi rapidement que possible.
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