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Normalien pour toujours

Témoignages

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03/10/2023

Associé fondateur de Beyond Solutions, Jérôme Laurre (promotion 1985 en économie et gestion) est président de l’Association des anciens de l’ENS Paris-Scalay depuis cinq ans. Profondément attaché à son École dont il ne cesse de défendre la qualité de la formation et la valeur de ses diplômés, il explique aussi pourquoi il encourage les alumni à s’engager à leur tour auprès des futures générations de normaliens.

 

Excellence, curiosité, transversalité : le socle des qualités d’une normalienne ou d’un normalien reste immuable : « D’abord, lorsque l’ENS Paris-Saclay vous sélectionne, ce n’est pas parce que vous êtes la meilleure « bête à concours », c’est parce que vous avez le profil pour y entrer. Elle est en effet une des rares écoles au monde à identifier des jeunes présentant un esprit « recherche », c’est-à-dire capables de donner un cadre à un champ d’analyse encore méconnu ou peu étudié, que 99% des personnes ne connaissent pas ou peu et comprennent mal, affirme Jérôme Laurre. L’école s’attache ensuite à cultiver cet état d’esprit curieux, transversal et critique qui permet de structurer et de partager les clefs de lecture d’un sujet complexe, quel qu’il soit ».

 

Normalien pour la vie

Le cerveau normalien ne se déconnecte jamais ! Cela est vrai de tous les chercheurs d’ailleurs, « si ce n’est que les normaliens sont identifiés à ce niveau cinq ans plus tôt que les autres étudiants », remarque le dirigeant. Ils sont particulièrement adaptés à des environnements où il faut croiser un nombre incalculable d’informations fragmentées et relevant de domaines d’expertises différents. « Dans un monde où l’information est de plus en plus abondante et par nature transversale, apporter une grille de lecture cohérente devient un facteur clé de succès des organisations. Or, les normaliens sont particulièrement adaptés à ces situations car ils savent analyser, combiner et synthétiser les expertises sans pour autant être spécialistes de chacune d’elle, détaille Jérôme. Il confie puiser encore aujourd’hui dans ces compétences atypiques pour piloter son entreprise. « Nous, les normaliens, nous procédons tous de la même façon : spécification des hypothèses de travail, identification des solutions les mieux adaptées à la situation et définition du cahier des charges de la mise en œuvre par champs d’expertise ».

 

Trouver sa (juste) place

Encore faut-il que les entreprises, notamment françaises, accueillent les normaliens à leur juste place. De son poste d’observation international dans le secteur de la finance, Jérôme Laurre constate des différences flagrantes d’appréciation des diplômés formés à et par la recherche et les autres, entre dirigeants français et anglo-saxons. « En France, on ne sait pas appréhender un chercheur à sa juste valeur, ce qui influence négativement le « soft power » du pays, déplore-t-il. Passé l’effet « whaou », difficile d’intégrer un normalien dans une entreprise privée ou publique française. « Les personnes avec lesquelles vous interagissez n’ont aucune idée de ce qu’est la recherche.  On assiste à un choc des cultures entre des collaborateurs à qui on a appris à travailler de manière verticale, et des normaliens qui raisonnent en transversalité. Or, aujourd’hui, nous avons plus que jamais besoin de combiner les deux approches pour répondre aux enjeux complexes auxquels nous sommes confrontés ».

Conséquence : Jérôme Laurre conseille aux futurs diplômés d’anticiper sur leur recrutement à la sortie de l’École. « L’ENS Paris-Saclay est certes la seule école au monde qui permette de répondre à n’importe quelle question sur n’importe quel sujet, mais, conseille-t-il, il vous appartient de proposer et d’illustrer ce que vous pourrez apporter à l’entité qui vous embauchera, car elle ne le percevra pas d’emblée ». Lui-même se souvient avoir rédigé autrefois une note à l’attention de la Société Générale expliquant les défis auxquels elle était confrontée pour devenir une banque d’affaires de premier plan aux États-Unis. « En gros, je disais : voilà ma compréhension du problème, voilà les hypothèses retenues, voilà mes solutions. Et j’ai été embauché ».

 

Donner à son tour un peu de ce qu’on a reçu

Au-delà de la présidence de l'association ENS Alumni, Jérôme Laurre est devenu mécène du programme « Femmes en sciences » de l'École. « Si nous souhaitons recruter à terme plus de femmes à des postes d’ingénieurs, il faut convaincre en amont les plus jeunes qu’elles ont toute leur place dans les parcours scientifiques, déclare Jérôme Laurre. Je crois profondément à l’équité. Il n’y a rien de plus insupportable que l’autocensure ». C’est pourquoi il encourage d’autres alumni à s’engager à leur tour. « Si chaque normalien considère que sa formation a eu une incidence majeure sur son parcours de vie, il faut qu’il prenne conscience qu’il est aujourd’hui devenu lui-même un vecteur du rayonnement de l’ENS Paris-Saclay. Soutenir l’École aujourd’hui, c’est lui permettre d’engager différentes actions au-delà du périmètre strictement défini par son budget public ». Tous les projets déployés en plus sont autant de moyens d’aider l’école à porter plus haut et plus fort ses couleurs » conclut Jérôme Laurre.



Programme « Femmes en sciences » 


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