Amandine Asselin, lauréate du prix Jeunes Talents France 2023 "Pour les Femmes et la Science"
« Il ne faut pas se brider et croire les personnes qui pourraient dire que tel domaine ou tel autre n’est pas fait pour une femme. Tant que la curiosité est présente, tant qu’il y a de la motivation, il y aura forcément une place pour vous ! »
PORTRAIT
Quel est votre parcours ?
Après 3 années en classes préparatoires, je suis entrée à l’ENS sur dossier en Saphire. Par la suite, j’ai choisi de m’orienter vers le génie civil. À la fin de cette première année, j’ai passé le second concours d’entrée que j’ai obtenu.
Pour le M1, j’ai choisi de travailler sur les matériaux et structures. Je suis ensuite partie en stage pendant 10 mois dans le groupe de recherche en génie des structures à Polytechnique Montréal sous la direction de Jean-Philippe Charron. J’ai découvert le côté expérimental de la recherche qui m’a beaucoup plu.
Enfin, pour compléter mon parcours, j’ai suivi le M2 Materials and structures in their environment de Centrale Nantes. À la fin de cette dernière année, Jean-Philippe Charron m’a proposé une thèse encadrée également par son associée de recherche Clélia Desmettre. Cécile Oliver-Leblond est venue compléter ce projet, en apportant le côté numérique.
J'ai bénéficié d'un contrat doctoral spécifique normalien (CDSN) de l'École pour financer ma thèse au Laboratoire de Mécanique Paris-Saclay (LMPS) en cotutelle à Polytechnique Montréal, sous la direction du professeur Farid Benboudjema et la codirection de la maîtresse de conférence Cécile Olivier-Leblond.
Quels sont les axes de vos recherches ?
Rendre les constructions plus durables
De nombreuses structures de génie civil françaises sont en béton armé, c’est-à-dire construites avec du béton contenant des armatures en acier. Pendant la durée de vie de l’ouvrage, des fissures se créent naturellement dans le béton, à cause des sollicitations mécaniques, thermiques, hydriques… Or, dans les régions maritimes et dans les régions nordiques, on peut trouver du sel dans l’environnement (sel marin ou sel de déverglaçage). Ce sel contient des chlorures, très néfastes pour l’acier, puisqu’ils entrainent de la corrosion. Les fissures présentes dans les structures sont des portes d’entrée pour les chlorures pour atteindre les armatures en acier. À long terme, les structures peuvent alors être très endommagées par la pénétration des chlorures dans le béton.
Par exemple, dans un parking de l’Université Syracuse à New York, la corrosion des armatures en acier, provoquée par les sels de déverglaçage apportés par les voitures, a entraîné l’effondrement de la dalle.
Actuellement, pour quantifier la résistance du béton face à cette problématique, il est possible de mesurer la vitesse de pénétration des chlorures dans le béton, par l’intermédiaire d’une grandeur appelée coefficient de diffusion. Néanmoins, les mesures sont effectuées sur du béton non fissuré, ne contenant pas d’armature et non chargé mécaniquement, contrairement à ce qui peut être trouvé dans les structures. Mon travail de thèse a eu pour objectif de développer un dispositif expérimental permettant la mesure de la vitesse de pénétration des chlorures dans le béton armé, fissuré et sous chargement mécanique. D’un point de vue numérique, l’objectif a été d’ajouter la pénétration des chlorures dans un code déjà existant pour explorer l’impact de la forme des fissures sur la vitesse de propagation.
Ainsi, mes travaux ont montré que la fissuration augmente la rapidité de propagation des chlorures dans le béton. La présence d’un chargement mécanique favorise également la pénétration des chlorures dans le béton mais de façon moindre. Enfin, des simulations numériques ont permis de démontrer que la forme de la fissure impacte aussi la propagation des chlorures.
Découvrez le détail de ses recherches (article CNRS).
Quelles sont vos perspectives professionnelles à venir ?
Pour le moment, je ne sais pas encore. Je me concentre sur la fin de la thèse et je verrai ensuite.
Auriez-vous quelque-chose à dire aux étudiantes (ou futures élèves) de l'ENS Paris-Saclay ?
Il ne faut pas se brider et croire les personnes qui pourraient dire que tel domaine ou tel autre n’est pas fait pour une femme. Tant que la curiosité est présente, tant qu’il y a de la motivation, il y aura forcément une place pour vous !
PRIX ET DISTINCTIONS
2023 : lauréate du prix Jeunes Talents France 2023 "Pour les Femmes et la Science"
Tout d’abord, il faut savoir que le prix est remis à 35 femmes, doctorantes et post-doctorantes, issues de tous les domaines des sciences. Pendant 4 jours, nous suivons une formation toutes ensemble sur divers sujets, allant de la négociation, à la communication ou la réponse aux violences sexistes. Les formations sont très enrichissantes et les intervenants de haut niveau. Ces quelques jours à l’écart du rythme quotidien m’ont permis de faire très belles rencontres avec des femmes qui rencontrent les mêmes difficultés que moi dans leur parcours, même si elles sont dans des domaines scientifiques totalement différents.
Ce prix est pour moi un réel honneur parce qu’il est très prestigieux. Il récompense à la fois mon travail scientifique et l’engagement que j’ai eu dans mon parcours pour transmettre mon intérêt des sciences aux plus jeunes.
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