Aurélie Jean est une des spécialistes des sciences numériques appliquées à différents secteurs : économie, finances, santé… Toutes ses expériences ont nourri sa passion des algorithmes et décuplé son envie de comprendre et faire comprendre. Fondatrice de deux startups, auteure et entrepreneure, Aurélie Jean, ancienne étudiante à l’ENS Paris-Saclay, accompagne aujourd’hui l’École dans ses engagements en faveur de l’égalité des chances et du retour de la science au cœur des enjeux sociétaux.
De 2002 à 2005, Aurélie Jean est étudiante à l’ENS Paris-Saclay : elle obtient un master en mécanique et génie civil dans le cadre d’un magistère en partenariat avec l’Université Pierre et Marie. La même année, Aurélie fait un stage à l’Université du Colorado à Boulder sur la modélisation et la simulation de la diffusion des ions chlorures dans le ciment et prolonge son expérience de la modélisation en stage de Master 2 au CEA sur la modélisation discrète de la fissuration des matériaux aux petites échelles. Puis, après un doctorat en sciences des matériaux (moitié en morphologie mathématique et moitié en mécanique numérique) à l’École des Mines de Paris (2009), direction les USA pour faire un premier postdoc dans le domaine de la modélisation dans des applications médicales, à l’Université d’État de Pennsylannie, à State College, sous la direction du Professeur George Engelmayr. « J’y ai confirmé mon appétence pour les sciences numériques découvertes à l’ENS Paris-Saclay, déclare-t-elle. Elle rempile pour un autre post-doctorat puis devient chercheuse au MIT de Boston, dans l’équipe de calcul et de modélisation du Professeur Raul Radovitzky, toujours sur des sujets médicaux. Elle décide de refuser deux postes de professeurs proposés par les universités américaines — « je ne me voyais pas du tout vivre dans ces deux villes ».
Comprendre le monde grâce au virtuel
Aurélie se pose finalement à New York où elle travaille pour le groupe Bloomberg. « J’y ai passé presque deux ans à développer des modèles algorithmiques dans le domaine économique et financier, raconte-t-elle. Elle fonde en parallèle sa première entreprise, In Silico Veritas, une agence de conseil et de développement dans la data et l’algorithmique. « J’aime l’idée de pouvoir comprendre le monde, l’analyser et le prédire en passant dans le monde virtuel numérisé ! » confiait-elle lors de son lancement, en 2016. Ensuite, j’ai repris l’enseignement en continu à la Sloan School of Management du MIT. Nous avons même un cours, Algorithmic Business Thinking, disponible en ligne ». Elle vient de lancer avec ses associées une deuxième startup deeptech en IA appliquée à la détection précoce du cancer du sein dans laquelle elle continue de travailler en Recherche & Développement.
Des chercheurs dans l’âme
La formation par et à la recherche a été selon elle déterminante dans sa formation et son parcours professionnel. « Elle nous encourage à constamment faire face à ce qu’on ne sait pas, à l’accepter avec humilité, et à chercher des moyens de répondre à nos questions. Elle nous apprend aussi à être extrêmement autonome, résilient et capable de résoudre des larges problèmes ouverts, complexes et abstraits. Sans parler de cette capacité de travail impressionnante alliée à une optimisation de l’effort qui traduit une puissante efficacité, que je retrouve chez l’écrasante majorité des personnes ayant un doctorat », complète-t-elle. Chaque école a son identité propre, selon Aurélie, mais la recherche est inscrite dans l’ADN de L’ENS Paris-Saclay. « Cela en fait un lieu à part. Et les normaliens des personnes uniques : ce sont tous des chercheurs dans l'âme, qu’ils deviennent professeur, chercheur, ingénieur, entrepreneur, ou tout autre chose ! »
La transversalité scientifique
Pour Aurélie, les normaliens ont tous bénéficié d’une formation de pointe, peu importe la discipline. « Le contact avec de grands professeurs a influencé notre capacité à expliquer des notions complexes avec rigueur et pédagogie ». L’entrepreneuse d’aujourd’hui affirme aussi avoir gagné confiance en elle au fur-et-à mesure de ses études. L’ENS Paris-Saclay forme également ses étudiants à une transversalité scientifique, très caractéristique, qui permet aux normaliennes et normaliens de répondre aux défis de notre société. « La présence de départements d’enseignement très différents (économie, mécanique, informatique, design...) font de notre École un lieu où penser différemment en allant chercher des connaissances et des savoirs en dehors de notre discipline, ce qui devient la norme chez tous les étudiants ».
L’ouverture au monde
Après les blogs d’amis scientifiques, Aurélie s’est mise à écrire dans des journaux grand public et à rédiger des livres [voir encadré]. Le dernier vient de paraître. « Cette partie de mon temps est importante à mes yeux car cela me permet de transmettre mes connaissances, mais aussi mes interrogations et - je dois l’avouer - certains de mes points de vue, sourit-elle. Avec beaucoup d’enthousiasme, elle salue le projet de l’ENS Paris-Saclay qui marque, selon elle « encore plus notre ADN vers l’ouverture au monde, aux autres et à la différence dans sa plus grande complexité et sa richesse. De par mon histoire, je suis particulièrement sensible à deux missions de l’ENS Paris-Saclay : attirer plus de jeunes femmes à candidater aux formations de l’École et avoir plus de mixité sociale chez les candidats. Quand j’y étais étudiante, se souvient Aurélie, nous étions seulement quelques-uns à venir de classe moyenne ou populaire. Nous devons agir pour plus de mixité et cela passe aussi par nos actions, à nous alumni, qui parlons aux jeunes et montrons la voie…
C’est pourquoi elle n’hésite pas interpeller directement ses anciens camarades de l’ENS Paris-Saclay : « Redonnez aux autres dès que vous en avez l’occasion. Et écrivez ! Car nous manquons de vulgarisateurs dans les sciences… »
Auteure de :
- De l'autre côté de la machine, Éditions de l’Observatoire, 2019
- L’apprentissage fait la force, Éditions de l’Observatoire, 2020
- Les algorithmes font-ils la loi ?, Éditions de l’Observatoire, 2021
- Algorithmes, bientôt maîtres du monde, La Martinière, 2023
Co-auteure de :
- Autisme et zoothérapie : Communication et apprentissages par la médiation animale, avec François Beiger, Dunod, 2010
- Data&Sport La révolution, avec Yannick Nyanga, Éditions de l’Observatoire, 2023
- Résistance 2050, avec Amanda Sthers, Éditions de l’Observatoire, 2023
Participation à des ouvrages collectifs :
- Femmes de sciences (Préface), La Martinière 2021
- Les Digitales (Préface), Cherche-midi, 2021
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