Henri Pidault (promotion 1985) est actuellement Chief Information Officer (CIO) de la SNCF. Depuis près de quatre décennies, il anticipe et façonne les évolutions technologiques, jouant un rôle clé dans la transformation digitale des entreprises.
Dans les années 80, Henri développe une passion précoce pour le numérique alors même que l'informatique n’est pas encore établie comme discipline à part entière. À l'ENS Paris-Saclay, il s'oriente donc vers la physique appliquée, passe l'agrégation, puis se spécialise en microélectronique à l'Université Paris-Saclay.
Un pionnier dans le domaine du numérique
Dès sa deuxième année, il fonde, avec d'autres étudiants, « GREENS » (groupe de recherche et d'études de l'École normale supérieure), la première junior entreprise de l'école. Il se lance dans des missions informatiques pour des PME technologiques. Toutefois, cette initiative, trop novatrice pour l'époque, est interrompue par la direction de l'École. Henri et ses camarades se tourneront plus tard vers la création de l'association « Normaliens autrement », précurseur d'« ENS Alumni », dont Henri deviendra le président en 2015.
Après ses études, Henri Pidault se distingue en fondant une start-up dans le secteur du logiciel de conception assistée par ordinateur (CAO), une démarche exceptionnelle pour un normalien à cette époque. Sa carrière évolue parallèlement aux progrès fulgurants des technologies numériques des années 80 et 90. Chez ATOS, en tant que Deputy CIO à la Compagnie des Alpes, ou chez Mazars en tant que Group CIO, il conçoit et déploie des stratégies de systèmes d'information améliorant significativement la performance des entreprises.
En 2012, Henri choisit de rejoindre Kyriba, leader mondial de la gestion de trésorerie en ligne (Saas), plutôt que de devenir Directeur des Systèmes d’Information de la Caisse des dépôts. Il y occupe le poste de vice-président exécutif IT, Technology & Product, contribuant à la transformation de cette entreprise française en une licorne valorisée aujourd’hui à plusieurs milliards de dollars. Cette période marque un tournant dans sa carrière : « Cette expérience fut extraordinaire, se souvient, Henri Pidault. Je faisais le tour du globe régulièrement, car mes équipes étaient réparties dans le monde entier !»
L’engagement dans le secteur public
Si la carrière d’Henri Pidault a débuté dans le secteur privé, il la poursuit aujourd’hui dans le secteur public. « La France m’a formé à l'excellence, je suis heureux de le lui rendre un peu aujourd’hui ». D’abord en acceptant, en 2020, de prendre la présidence du GIP RENATER, l’opérateur de communication numérique de l’État, bien connu du monde universitaire. Et depuis 2017, au sein du groupe SNCF, où le CIO est à l’initiative de projets numériques ambitieux. « Je dirige une unité de production interne de 2000 personnes qui a pour mission de produire du numérique pour l'ensemble des filiales du groupe et réalise près de 600 millions de chiffre d'affaires interne ». La SNCF contribue également à la transformation numérique dans les territoires, via Terralpha, filiale qu’il a lui-même créée au sein du groupe. « Nous utilisons, ajoute-t-il, les 20 000 km de fibres optiques de la SNCF pour fournir des services de très haut débit dans les territoires ». Mais ce dont Henri est le plus fier, c’est du programme de reconversion de centaines de cheminots vers la filière numérique qui offre de multiples opportunités vers de nouveaux métiers. « Nous avons réussi à former et à accompagner plus de 300 personnes de profils très divers vers le développement informatique dont 30% de femmes, ce qui est remarquable dans ce secteur. Cette belle expérience fonctionne si bien qu’elle a attiré l’attention de l'État pour la reconversion de fonctionnaires ».
Appréhender les sujets complexes
Pour chacune de ses expériences, Henri Pidault puise dans le bagage pédagogique et méthodologique acquis à l’ENS Paris-Saclay. « Tous les normaliens possèdent cette qualité de pouvoir « absorber » les nouveautés de notre monde actuel qui évolue tellement vite, affirme-t-il. Une des richesses de l’École est de ne poser aucune barrière entre les disciplines ». Cette capacité à appréhender puis à vulgariser n'importe quel sujet complexe lui a beaucoup servi tout au long de sa carrière, « en particulier, détaille-t-il, lors des comités de direction où il faut savoir convaincre des non-spécialistes sur des sujets techniques complexes et innovants ». Le normalien a d’ailleurs enseigné les stratégies de systèmes d'information à l’Essec et à Télécom Paris et s’est lancé dans l’écriture d’ouvrages didactiques. Après un premier livre consacré à la cybersécurité, un deuxième va sortir sur l'intelligence artificielle. « J’aime transmettre et vulgariser l’usage des innovations auprès des entreprises et du grand public. La révolution numérique concerne aussi l'enseignement, remarque Henri Pidault. Une des questions qui se pose par exemple pour l’ENS Paris-Saclay est de quelle manière l’intelligence artificielle, peut-elle être intégrée dans la transmission du savoir pour être encore plus performante ? »
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