Claude Noguès, co-fondatrice de Kimialys
Claude Noguès a mené ses activités de recherche au Laboratoire de biologie et pharmacologie appliquée (LBPA – ENS Paris-Saclay, CNRS) et est la co-fondatrice de la start-up Kimialys, dans laquelle elle s'implique aujourd'hui pleinement. Elle développe des biocapteurs de pointe au service de la santé. En concevant une nouvelle chimie de surface, elle vise à rendre les tests de diagnostics plus accessibles et fiables.
Elle a travaillé plus de 10 ans sur le développement des biocapteurs de pointe au service de la santé, grâce à son expertise en physique-chimie, biophysique, chimie de surface et colloïdale. Son objectif est de rendre les tests de diagnostic précoce des maladies plus sûrs.
SON PARCOURS
Issue d’une formation en physico-chimie, Claude Noguès se spécialise en chimie de surface et des interfaces lors de son master à l’Université Paris-Est Créteil.
En 2001, elle soutient une thèse sur le dépôt de couche mince organique appliqué aux cellules photovoltaïques et électroluminescentes.
Entre 2001 et 2007, elle réalise ses post-doctorats à l’Institut Weizmann des Sciences et à l’Université hébraïque de Jérusalem en Israël.
Depuis 2008, elle travaille au Laboratoire de biologie et pharmacologie appliquée (LBPA, ENS Paris-Saclay, Université Paris-Saclay, CNRS).
En 2010, elle est recrutée au CNRS en 2010 en tant que chargée de recherche.
SES AXES DE RECHERCHES
Étude de la dynamique des interactions moléculaires
Dès son arrivée au LBPA, Claude Noguès axe ses recherches dans l’étude de la dynamique des interactions macromoléculaires et l’analyse de la régulation des gènes. « J’immobilisais de petits ADN, à différentes densités, sur une surface pour en étudier la lecture par les enzymes responsables de la transcription en ARN et de la traduction en protéines », rapporte la chercheuse.
Elle utilise un biocapteur SPR (Surface Plasmon Resonance) pour comprendre les interactions entre l’ADN et ces enzymes, « Cet instrument présente une surface plane d’or sur laquelle on immobilise l’une des molécules à étudier (l’ADN) et on introduit l’autre molécule d’intérêt (l’enzyme) en solution dans le biocapteur au moyen d’un circuit microfluidique. On suit ensuite la formation du complexe, puis sa dissociation lors du rinçage », précise Claude Noguès. Grâce à cette technique, la chercheuse mesure les cinétiques d’interactions entre les deux molécules ainsi que leur affinité.
Une nouvelle chimie de surface pour des biocapteurs performants
Bien que les biocapteurs SPR aient fait leurs preuves dans des solutions très pures, la détection du signal s’avère brouillée par l’introduction d’un liquide plus complexe. Les milliers de protéines différentes présentes dans les extraits cellulaires ou les fluides corporels sont alors à l’origine d’interactions non-spécifiques avec la surface du biocapteur. Le signal ADN-enzyme tant recherché se retrouve noyé dans un bruit parasite qui empêche les études réalistes. « Pour réduire ce bruit de fond, je me suis concentrée sur la chimie de surface des biocapteurs. Mon but était de protéger la surface contre les interactions non-spécifiques et d’optimiser la disponibilité des molécules immobilisées », se souvient la chercheuse. Elle passe onze années à développer une nouvelle chimie de surface appliquée aux biocapteurs. « J’ai testé sa pertinence et sa robustesse sur différents systèmes biologiques comme l’ADN, les protéines, les anticorps, les peptides et les cellules. »
LA CRÉATION DE LA START-UP KIMIALYS
« Il m’est très gratifiant de savoir qu’un produit issu de notre recherche aura des applications concrètes dans la vie du quotidien. Le travail que j’effectue maintenant est un travail de recherche et développement plutôt que de recherche fondamentale. Je développe des biocapteurs sous forme de tests diagnostiques qui seront industrialisables. » Claude Noguès.
En octobre 2020, elle fonde avec l’ingénieur Cyril Gilbert la start-up Kimialys.
- Claude Noguès, directrice scientifique, gère les projets d’innovation R&D, aussi bien en interne qu’en collaboration avec des partenaires publics et privés ;
- Cyril Gilbert, président-directeur-général, prend en charge la stratégie opérationnelle, la commercialisation et la recherche de financements.
Ils signent en mars 2021 un contrat de transfert de technologie permettant de commercialiser des chimies de surface innovantes appliquées aux biocapteurs, et appelées à révolutionner, à moyen terme, le diagnostic précoce des maladies afin d’éviter un grand nombre de complications.
Depuis, la chercheuse-entrepreneuse se consacre à plein-temps à Kimialys, avec l’ambition d’engager une dizaine de collaborateurs d’ici fin 2021.
VERS UN DIAGNOSTIC DES MALADIES PLUS FIABLE
Les biocapteurs sont de réels atouts pour le diagnostic médical. En développant des tests bandelettes sensibles et fiables, la chercheuse contribue à mettre fin à l’ère des prélèvements naso-pharyngés assez désagréables.
« À la manière des tests de grossesse, les tests bandelettes présentent des surfaces où sont immobilisées des biomolécules qui vont détecter de manière spécifique une molécule cible dans des échantillons de salive, d’urine, de sang ou de sérum », nous explique Claude Noguès.
Une fois cette cible détectée, la bandelette change de couleur et informe le patient de son état de santé.
À l’instar du test salivaire de la COVID-19, qui vire du bleu au rouge, les demandes de tests fiables et adaptés à une mise en place sur le terrain explosent. « Nous développons des biocapteurs sensibles qui garantissent des diagnostics sûrs et efficaces, afin d’éviter l’intervention de spécialistes ou une l’hospitalisation des patients pour effectuer le test », conclut la chercheuse.
Des tests pour le suivi thérapeutique de chaque maladie
Claude Noguès conçoit des tests bandelettes pour le diagnostic des infections (SARS-CoV-2) mais également pour le suivi thérapeutique des maladies.
« Par exemple, le traitement du cancer par immunothérapie peut provoquer chez le patient une forte réponse immunitaire et compromettre son efficacité voire lui être fatal. Pour prévenir cette réaction immunitaire, les patients sont suivis pendant trois à six mois. Cela représente pour eux une procédure lourde, car ils doivent se déplacer régulièrement à l’hôpital... À terme, le patient sera capable d’effectuer les tests simplement depuis son domicile », précise la chercheuse.
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