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Florence Niedergang : Chercheuse, un métier extraordinaire

Témoignages

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13/05/2024

Florence Niedergang (promotion 1990- biologie-biochimie) est directrice de recherches au CNRS. Cette immunologiste reconnue internationalement dirige depuis deux ans l’Institut Cochin, un des plus importants centres de recherche fondamentale et biomédicale en France et en Europe, avec 600 collaborateurs[1] répartis dans cinq axes scientifiques et dix plateformes technologiques. 

 

Reçue à l’ENS Paris-Saclay en 1990, Florence passe l’agrégation de biochimie trois ans plus tard.  « La recherche me tentait, mais venant d'une famille sans connexion avec cet environnement, je n’avais aucune notion des étapes à franchir ». Lors de son stage de Master 2 à l'Institut Pasteur, elle décide de poursuivre en thèse, obtenant un contrat de monitrice de l’enseignement supérieur à l’Université Paris-Diderot. « Je me suis retrouvée face à des étudiants qui avaient un an de moins que moi, un vrai challenge ! » se souvient-elle. Malgré le stress, l’expérience de l’enseignement la ravit. « Les étudiants choisissaient mon TP en immunologie parce que j’avais plus de facilités à leur expliquerdes notions compliquées que j’avais abordées peu de temps auparavant ». Pour elle, recherche et enseignement s’équilibrent l’un l’autre. « J'aurais tout aussi bien pu faire une carrière d'enseignante en BTS, je crois que ça m'aurait plu aussi ! » remarque-t-elle avec humour. 

 

Après avoir soutenu sa thèse en 1997, elle passe deux ans en post-doctorat à l'Université de Lausanne, avec un financement de l’ARC et de l’Organisation européenne de biologie moléculaire (EMBO). De retour en France, Florence est recrutée au CNRS et travaille quatre ans à l’Institut Curie. Peu après son arrivée à l’Institut Cochin, en 2005, elle monte son équipe « Biologie des Phagocytes, Infection et Immunité ». Elle étudie les aspects très fondamentaux voire biophysiques des cellules phagocytaires, « celles qui capturent les bactéries et les éliminent en parlant aux autres cellules du système immunitaire ou aux aspects liés à certaines pathologies suite à des infections virales », complète la chercheuse. L’équipe est constituée d’une douzaine de personnes, pas plus, pas moins, « pour maintenir une certaine cohérence entre tous nos sujets ». 

 

L’ENS Paris-Saclay : une grande école de la recherche

Il ne se passe pas une journée sans que Florence Niedergang fasse appel à ses acquis de normalienne. « Les chercheurs jonglent quotidiennement, non seulement avec les différents niveaux d'analyse, de l'organisme jusqu'au trait moléculaire, mais aussi avec tous les domaines de la biologie, sans oublier la chimie ou la biophysique. Tout cela a été cultivé à l’ENS Paris-Saclay, affirme-t-elle. La formation, notamment lors de la préparation à l’agrégation, nous a permis de balayer tous les champs de la biologie ». Elle se souvient aussi des entrainements (filmés) à prendre la parole en public, à faire un exposé structuré, argumenté, synthétique. « Je m’en sers tous les jours pour adapter chacune de mes présentations aux différents publics ». 

 

En 2022, la chercheuse succède à Axel Kahn et Pierre-Oliver Couraud à la direction de l’Institut Cochin, après avoir été successivement responsable d’équipe, co-directrice et directrice de département.  Elle a longtemps hésité. « J’aspirais à continuer à mener des recherches de qualité en parallèle. Car pour le moment, fait-elle observer, les chercheurs sont toujours encore jugés sur leur capacité à publier des articles, lever des fonds et recruter de bons étudiants. » Garantie obtenue, elle a alors pris soin de prendre le temps de partager sa vision du projet de développement de l’Institut avec l’ensemble des collaborateurs. « Même si je fais le grand écart quotidiennement entre la direction de l'Institut et la gestion de mon labo, aujourd'hui je suis très contente parce que c’était le bon moment pour faire bouger l’Institut », confie-t-elle. En particulier, elle engage l’Institut dans des actions de médiation scientifique auprès de différents publics. « Nous ne parlons pas assez de la démarche scientifique », regrette-t-elle. Aujourd’hui, une centaine de collaborateurs se mobilisent chaque année pour la Fête de la Science et l’Institut s’est associé à plusieurs associations qui interviennent auprès de jeunes scolarisés à Paris et en banlieue. 

 

« Si on m’avait dit il y a 30 ans que je dirigerai un institut de recherche, j’aurais répondu : jamais de la vie !-  s’exclame Florence Niedergang.  Il faut savoir suivre son instinct et être opportuniste dans le bon sens du terme, ne pas hésiter à tester ce qui nous convient à chaque étape de son parcours, conseille-elle aux futurs normalien-nes. « La recherche est un métier compétitif mais il est extraordinaire. Alors, n’hésitez pas à persévérer ; et si vous êtes une femme, surtout, ne vous inhibez pas ! »


[1] chercheurs, cliniciens, enseignant-chercheurs, ingénieurs techniciens et administratifs, ainsi que des jeunes scientifiques, postdoctorants, doctorants, étudiants de différents niveaux jusqu’en master. 

 

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