À la sortie de ses classes prépa, Florian Richard-Dap cherche à concilier sa solide formation scientifique avec son goût pour les sciences sociales. Le cursus économie-gestion de l’ENS Paris-Saclay semblant correspondre à cette exigence, il y fait sa rentrée un certain 11 septembre 2001. Passionné par les cours de Bertrand Munier en théorie de la décision et des jeux, Florian poursuit en master 2 recherche « sciences de la décision et modélisation du risque » que le professeur vient de créer. « On y trouvait à la fois des enseignements économiques mais aussi sociologiques, psychologiques et même de modélisation statistique assez poussés », se souvient-il. En parallèle de ses premières expériences professionnelles, il décide d’effectuer une thèse sur la même thématique « pour bien achever mon parcours académique ». Autant l’enseignement ne le séduit guère, « je ne me voyais pas enseigner à temps plein » dit-il, autant la recherche éveille chez le normalien un certain intérêt.
Quand le bon élève se mue en manager
Florian effectue un stage au département des risques chez Natixis. « Les banques menaient de nombreuses démarches autour du management du risque à cette époque ». Il apprend ensuite son métier de consultant auprès de Stéphane Bouvet, « une figure marquante du consulting ». Sa carrière s’incarne dans des différents cabinets avec des missions dans des secteurs variés : industrie, énergie, etc. « Lorsqu’on s’interroge sur son avenir professionnel, le métier du conseil permet d’en tester plusieurs et trouver celui où on sera le plus utile ».
En 2011, Florian Richard-Dap est nommé « Manager Conseil » chez CGI[1], un palier décisif dans tout parcours de consultant à qui on confie la responsabilité de développer du chiffre d'affaires. « Au bout de cinq à six ans d'expérience, le bon élève se mue en un entrepreneur. À partir de ce moment de basculement, chaque étape de ma carrière a été marquée par cette dimension entrepreneuriale : développer une équipe, une offre commerciale, une clientèle, une approche ou une méthode différente… »
Le service public, une évidence révélée
Sa carrière lancée depuis deux ans, Florian Richard-Dap réalise une première mission pour le service public. « En réalité le service public était déjà présent en filigrane dans mes premières missions, observe-t-il. Mais le monde de la fonction publique m’était jusqu’alors totalement inconnu. Je n’avais jamais eu l’occasion d’y être sensibilisé, ni dans ma famille, ni à l'ENS Paris-Saclay dont la formation en économie était plutôt tournée vers les enjeux économiques du privé ». Le consultant a ainsi pu collaborer avec la Commission européenne auprès de l'État français pour concevoir la stratégie de décarbonation de l'État, accompagner le ministère de l’Economie pour redresser plusieurs grandes entreprises en difficulté, ou encore assister les directions générales de nombreux établissements culturels (opéras, musées, centres d’art…) pour consolider leurs modèles économiques et stratégiques. Le normalien a également travaillé sur les questions d'emploi avec diverses régions de France, réfléchissant aux moyens de favoriser l'emploi local, le développement économique et la valorisation des compétences. Pour l'Agefiph, il a accompagné la constitution de son plan stratégique. « Autant de sujets qui m'ont passionné et de missions particulièrement enrichissantes », affirme-t-il.
Valoriser l’administration
« Je travaille dans un organisme privé mais je suis effectivement très attaché à la chose publique, témoigne Florian. Recruté chez Ipsos, le consultant vient de rejoindre les équipes de Brice Teinturier, figure médiatique bien connue et « facteur déterminant » dans son choix de rejoindre le cabinet. « Ipsos crée une entité dédiée à l'évaluation des politiques publiques, venant compléter les activités traditionnelles d'étude et d'analyse de l'opinion. Bien qu'elle existât déjà de manière moins structurée, cette nouvelle activité a tout de suite fait écho en moi. Je pense en effet y apporter une perspective différente et complémentaire, en exploitant notamment la capacité d'appréhender les enjeux de l'opinion, une dimension moins prégnante dans les cabinets de conseil classiques ».
Pour Florian, l'évaluation des politiques publiques répond aujourd'hui à une double exigence : une gestion rigoureuse des fonds publics, nécessaire dans un contexte d'économie budgétaire, et une aspiration citoyenne légitime à ce que l'argent public soit utilisé à bon escient, c’est-à-dire produise des résultats concrets. « La démarche de l'évaluation publique sert à redonner du sens à l'action publique et apporte des preuves concrètes de l'impact des politiques sur le quotidien des citoyens. Aujourd’hui, c'est ce qui me motive chaque matin, confie-t-il.
La vraie vie
Bien que les normaliens soient parfois perçus comme trop « théoriques » pour l’entreprise, Florian Richard-Dap défend au contraire la capacité unique de l’École à lier les fondements théoriques avec les enjeux opérationnels des institutions. « Aujourd’hui, ce sont probablement mes enseignements en économie, en gestion des risques ainsi que les outils de modélisation statistique qui me sont les plus utiles ». Au-delà des acquis théoriques, l’expérience normalienne a permis de cultiver la capacité à étudier en même temps des sujets très divers, et à s’y intéresser. « Aucune mission ne se ressemble et vous devez, à chaque fois, vous adapter à un nouvel environnement, avec ses enjeux, ses contraintes, ses acteurs. » Et pour cela, Florian Richard-Dap conseille aux futurs diplômés de « se confronter à la réalité du terrain et sortir de leur zone de confort ». « Cultivez votre curiosité, c’est votre plus grand atout ! », conclut-il.
[1] Fondée dans les années 70, CGI (Conseillers en gestion et informatique), est une grande entreprise canadienne de services-conseils en technologie de l'information (TI), d'intégration de systèmes, d'impartition et de solutions.

Commentaires0
Veuillez vous connecter pour lire ou ajouter un commentaire
Articles suggérés