Mathilde Grammont (ENS Paris-Saclay, promotion 2000, sciences sociales) est aujourd'hui conseillère référendaire en service extraordinaire à la Cour des Comptes, après un parcours dans la diplomatie française, qui l'a menée de Paris à Ankara, en passant par Berlin, Rome et Bruxelles. Pendant 18 ans, Mathilde a développé un sens aigu de l'intérêt général qu'elle a décliné au service de la cause européenne, de son pays ou de ses concitoyennes et concitoyens.
Dès son arrivée à l'ENS Paris-Saclay, Mathilde Grammont construit sa trajectoire au diapason de son attachement à l'histoire européenne. « C'est lié à mon histoire familiale », précise-t-elle. Particulièrement marquée par le référendum sur le traité de Maastricht, Mathilde fait sa maîtrise d'histoire en échange Erasmum à Berlin, puis le Master Aires politiques comparées de Sciences Po, en parallèle de son magistère de sciences sociales à l'ENS Paris-Saclay. Elle réussit du premier coup le concours d'Orient du Quai d'Orsay et devient conseillère des Affaires étrangères. Mathilde commence un parcours sans faute dans la diplomatie française. En charge de l'élargissement de l'Union européenne, elle participe notamment à la conduite des négociations mouvementées de l'adhésion de la Turquie, rédigeant les instructions pour la représentation permanente de la France auprès de l'Union européenne à Bruxelles où elle est finalement affectée en 2009, pour trois ans. Puis, la jeune diplomate s'y consacre principalement à l'adhésion de la Croatie. « J'ai suivi tout son parcours d'intégration jusqu'à la conclusion du traité », dit-elle avec satisfaction.
De Paris à Ankara, de la politique à la communication
En 2012, changement de décor et de métier, direction Rome, où Mathilde Grammont dirige le service de presse et de communication de l’ambassade de France. A l’époque, la règle de la mobilité fonctionnelle est encore de mise pour progresser dans la carrière de fonctionnaire. Elle parle italien, sa troisième langue, expérimente la relation bilatérale et la communication grand public, lançant le compte X de l’ambassade. « C’était passionnant pour moi qui n’avais fait jusqu’alors que du travail politique ». De retour à Paris, elle accède au poste de sous-directrice de l'Europe méditerranéenne au ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères. Pendant quatre ans, elle mène avec son équipe un travail politique intense avec tous les pays de la zone géographique. Parmi eux, la Turquie, où elle part en 2020 comme numéro 2 de l'ambassade de France, « j’y ai notamment coordonné la cellule de crise mise en place après les séismes meurtriers de février 2023 ».
Éprouvant le désir d’effectuer une « vraie mobilité » depuis plusieurs années, Mathilde concrétise son projet en septembre 2023. Elle devient « conseillère référendaire » à la Cour des Comptes, le deuxième échelon hiérarchique parmi les trois existants, et « en service extraordinaire », parce qu’elle est en détachement de la fonction diplomatique. Elle vient ainsi grossir les rangs des fonctionnaires d’autres ministères qui nourrissent la Cour de leurs différentes expertises pour contrôler les administrations et évaluer les politiques publiques.
L’ENS-Paris-Saclay : une formation-socle
Dès son arrivée à la Cour des comptes, Mathilde Grammont doit puiser à nouveau dans les acquis transmis par l’ENS Paris-Saclay, « un socle de connaissances solide », pour tous les normaliens. « Ce n’est pas un hasard si nous nous retrouvons dans la haute fonction publique. Grâce à l’interdisciplinarité, nous avons acquis une capacité d'analyse et de mise à distance des événements, qualité indispensable pour donner du sens à ce qui est en train de se passer à l'instant T, et que nous continuons à cultiver ».
S’engager au féminin
Mathilde Grammont ne se voit pas ailleurs que dans le service public, « toujours fortement motivée pour servir l'intérêt général ». Elle sert aussi celui des femmes, étant vice-présidente de l’association « Femmes et diplomatie », dont elle est une des fondatrices. « Nous veillons à l’égalité femmes/hommes et aussi à la bonne articulation vie privée/vie professionnelle. C’est une question qui concerne les hommes, remarque-t-elle. Sans le soutien de mon conjoint, nous n’aurions pas pu fonder une famille tout en travaillant ! C’est peut-être banal ce que je dis, mais le partage, c'est la base ». La politique d'égalité fait le reste, les organisations doivent s’adapter, aussi. « Les progrès du ministère sont réels, note Mathilde, qui se souvient que l’association Femmes et Diplomatie a fait adopter, en son temps, une charte qui interdisait de faire des réunions après 17h. Aujourd’hui, elle relance le mentorat, pour « faire réseau, partager les bonnes expériences entre femmes ». Pour Mathilde, engagement professionnel et vie personnelle doivent s’articuler de manière satisfaisante. « L'objectif, c'est d'obtenir les résultats. De ce point de vue, le fait d'être une mère ne doit pas être un obstacle pour vivre sa passion ; pouvoir concilier vie personnelle et familiale et vie professionnelle est en réalité bénéfique à l’agent, à son administration, et à la société », conclut-elle.
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