Une carrière au service de l’enseignement supérieur et de la recherche
A 75 ans, Jean Sarrazin (promotion 1968 - sciences physiques, option chimie) a connu plusieurs phases dans sa vie professionnelle. D’enseignant-chercheur à conseiller du Premier ministre, en passant par directeur d’établissement, recteur d’académie et poste diplomatique, toutes ont en commun d’avoir été au service de l’enseignement supérieur et de la recherche. Retraité mais toujours actif, il vient tout juste de rejoindre l'Académie des Sciences et Lettres de Montpellier, une façon de prolonger cet engagement sans faille.
De la transmission et de l’élaboration de connaissances…
« Toute ma vie j’ai été motivé par la science, l’enseignement et la recherche, et également par l’idée de créer les meilleures conditions pour l’exercice des métiers de ce secteur » résume Jean Sarrazin. A la sortie de l’ENSET (devenue ENS Cachan puis ENS Paris-Saclay), il se consacre en effet exclusivement à sa carrière d’universitaire. « Nous étions formés d’abord pour enseigner. A cette époque, se souvient- il, on entrait dans l’enseignement supérieur comme assistant, avant le doctorat ». Pendant près de trente ans, il est enseignant-chercheur, à l’Université Rennes 1 pour commencer, où il forme notamment les futurs agrégés, avant de partir à l’Université et à l’École nationale supérieure de chimie de Montpellier qu’il dirigera plus tard et à laquelle il restera rattaché jusqu’à sa retraite de professeur des universités.
…à la politique universitaire
Au début des années 2000, le parcours de l’universitaire prend une nouvelle tournure, plus institutionnelle, mais toujours au service de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la recherche. Il est tour à tour conseiller pour la science et la technologie à l’ambassade de France au Canada (Ottawa), recteur de l’académie de Grenoble, conseiller-maître en service extraordinaire à la Cour des comptes. Durant cette période, il coche aussi à deux reprises la case « conseiller » au cabinet du Premier ministre, la première fois en 2005 auprès de Jean-Pierre Raffarin, la seconde au cabinet de François Fillon de 2010 à 2012. C’est un rôle nouveau qu’y découvre Jean Sarrazin. « Lorsque vous êtes en responsabilité dans un établissement, vous touchez à tout : de la pédagogie jusqu’à la gestion immobilière, en passant par la gestion de conflits. Lorsque vous êtes conseiller au sein de l’exécutif gouvernemental, vous puisez dans votre expérience professionnelle pour conseiller… Et puis le ministre décide ».
Au Canada, entre 2001 et 2005, Jean Sarrazin exerce les missions de promotion des échanges et de veille des politiques scientifiques, technologiques et de recherche du Canada. De retour en France, il défend la création de l’agence nationale de la recherche et contribue à l’élaboration de la loi de 2006 de programmation de la recherche avec la possibilité pour les universités françaises de créer leurs fondations. Celle-ci propose aussi des cadres institutionnels permettant le rapprochement des établissements sous des formes plus ou moins intégrées. « Dans l’application qui en a été faite ultérieurement, j’ai constaté les limites du système, relève-t-il. Je pense qu’il faut laisser l'initiative aux universitaires. Pour moi, il n’y a que le « bottum up » qui fonctionne ».
L’ENS Paris-Saclay : un outil pour développer les intelligences
Toutes ces expériences ont nourri les convictions de Jean Sarrazin. « J'ai une vision exigeante du niveau de qualité que l’enseignement supérieur et la recherche en France doivent atteindre. Je crois profondément que nous devons non seulement améliorer les connaissances mais aussi les transmettre, détaille-t-il. Et pour cela, il faut de bons outils : l’ENS Paris-Saclay en fait partie ». De ce point de vue, l’ancien recteur —qui a été étudiant à « la faculté des sciences d’Orsay » et s’est trouvé au sein de l’exécutif lorsque la construction de l’ENS Paris-Saclay a été inscrite à l’agenda— salue son installation, « au cœur du potentiel scientifique du campus de Saclay, à proximité des universités et des écoles avec lesquelles elle avait déjà des collaborations ».
Rester soi-même
Jean Sarrazin conserve d’excellents souvenirs de ses années à l’ENS : brassage des élèves de différentes disciplines, combats syndicalistes[1] pour obtenir un bâtiment d’internat supplémentaire —une forme d’engagement également— « Quels que soient les secteurs de formation, le rôle de l'ENS est de développer les intelligences, de former les esprits à la rigueur du raisonnement » affirme-t-il.
Existe-t-il une recette pour effectuer un parcours aussi divers que brillant ? « Soyez curieux, dit Jean Sarrazin, gardez votre esprit critique dans vos milieux professionnels. Travaillez. Même si l’on change de poste tous les 5 à 10 ans, il faut savoir rester soi-même », conclut-il.
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