Éléonore Arfan (Génie mécanique, 2002) est ingénieur brevet, un métier qu’elle incarne avec rigueur et passion, qui lie curiosité et grande culture scientifique. À la quête de son épanouissement professionnel, elle s’est construit un parcours sur mesure, cultivant sa curiosité intellectuelle dans trois domaines différents. Sa trajectoire l’a menée chez Santarelli, un des plus grands cabinets de conseil en propriété intellectuelle, dont elle est associée depuis 2021.
Le bagage académique bien fourni d’Éléonore Arfan commence à se remplir dès l’obtention de son bac scientifique en 2000. « Tandis que certains de mes camarades affichaient des ambitions précises pour de grandes écoles ou des métiers spécifiques, je n’avais en ce qui me concerne aucune idée de ce que je voulais faire de ma vie », confie-t-elle. Elle se retrouve un peu par défaut en double licence éco-gestion/LLCE espagnol (Langue, Littérature et Civilisation Étrangère) à l’Université de Nanterre. Une formation exigeante qui lui plait mais son goût pour la physique refait surface. « J’ai réalisé que je n’avais pas envie de me réveiller à 40 ans constatant que je n’avais même pas essayé ». Elle franchit le pas en se réorientant à la fin du premier trimestre en Licence de Sciences de la Matière à l’Université Paris VI - Pierre et Marie Curie. Adieu Nanterre, bonjour Jussieu. Sans parler du parcours administratif complexe, Éléonore s’acharne à rattraper son retard pendant l’été pour entrer directement en deuxième année. « Le travail à fournir était conséquent, notamment pour assimiler seule le contenu du premier semestre », se souvient-elle.
A Jussieu, l’étudiante est repérée par un enseignant qui l’oriente vers le magistère de mécanique de l’ENS Paris-Saclay. « La première année fut vraiment difficile, se souvient-elle. J’y ai rejoint des étudiants qui venaient pour moitié des classes prépa. Ils avaient abordé des matières que je ne connaissais pas, sans parler du niveau en mécanique très exigeant. Guidée par son ambition profonde d’aller jusqu’au bout d’un parcours académique, elle obtient un master de méthodes numériques puis s’engage dans une thèse en mécanique des matériaux au LMT (aujourd'hui LMPS) à Cachan sous la direction de François Hild et Nicolas Schmitt. Elle soutient sa thèse en 2009.
Autant Éléonore choisit de ne pas passer le concours de l’agrégation, n’étant pas attirée par l’enseignement dans le secondaire, autant elle « a adoré » enseigner en tant que chargée de TD à l’Université. « Mais l’image idéale que je m’étais faite au départ du métier d’enseignant-chercheur— un "Géo Trouvetou" ou un "Professeur Tournesol" —, s’est vite confrontée à une réalité moins glamour ». La doctorante se tourne alors vers d’autres horizons, et décide d’intégrer, en parallèle de sa thèse et en cours du soir, un master d'économie-gestion à l'IAE de Paris de 2006 à 2008.
Le plus littéraire des métiers scientifiques
Après la soutenance de sa thèse et l’obtention de son master, Éléonore s’autorise enfin à chercher du travail. Elle repère une annonce publiée par l’APEC pour un poste d'ingénieur brevet. En trois semaines, la voilà installée dans son premier poste chez Novagraaf, un grand cabinet de conseil en propriété industrielle. Mentorée par deux seniors passionnés, Éléonore apprend son métier d'ingénieur brevet qu’elle décrit comme « le plus littéraire des métiers scientifiques ». « C’est un métier de niche, avec très peu de professionnels en France. Il est à la fois technique et transverse, proche de la recherche aussi : on se documente et on rédige beaucoup ». Une nouvelle fois, elle ressent le besoin de consolider son bagage académique, cette fois-ci dans le domaine juridique, indispensable à sa profession, certains professionnels allant jusqu'à la qualification d'avocat. Elle obtient un master de droit de la propriété intellectuelle, en plus des certifications obligatoires liées à l’exercice de son activité.
Accoucheurs d’idées
Éléonore quitte Novagraaf en 2012 pour rejoindre le cabinet Santarelli, issu d’un des plus anciens cabinets de propriété industrielle de France, dont l'origine remonte à la seconde moitié du XIXe siècle. En 2021, elle en devient associée. « On se bonifie avec le temps, en gagnant la maturité qui nous a impressionnée à nos débuts », observe-t-elle avec émotion. A son tour de gérer une petite équipe. « Le statut d’associé engage à prendre plus ou moins de responsabilités selon l’appétence de chacun ou la taille du cabinet », précise Éléonore. Elle a rapidement été investie de fonctions transverses, s'impliquant auprès de sa supérieure dans le management de projets internes ou externes.
Au fil du temps, le « portefeuille » de brevets de l’ingénieure s’est élargi, l’immergeant dans des techniques et des cultures scientifiques variées. « Nous sommes en permanence avec tout type d’inventeur, chercheur de laboratoire académique, industriel, ou particulier. Tous étant extrêmement pointus dans leur domaine, nous les écoutons beaucoup. Nous sommes parfois amenés à être des ‘accoucheurs d’idées’ ».
Les acquis de l'ENS Paris-Saclay
Le parcours d’Éléonore Arfan témoigne d’une grande capacité de travail, doublée d’une volonté de fer. En cela, elle reconnait volontiers piocher régulièrement dans les acquis de l’ENS Paris-Saclay. « L’École m’a apporté une culture scientifique formidable qui me permet d’aborder un large éventail de domaines. La science forge l'esprit, structure la pensée et, quoi qu’on entreprenne par la suite, elle s'avère utile ». « L’Ecole nous enseigne aussi et surtout un état d’esprit et "à apprendre à apprendre" », conclut Éléonore, évoquant une maxime citée par Pierre-Alain Boucard, un de ses professeurs de l’École normale : « on n’apprend que ce que l’on sait déjà ». Elle conseille vivement aux étudiantes et aux étudiants de ne pas hésiter à se donner les moyens de poursuivre leurs aspirations.

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